Parmi les avions qui ont forgé notre imagerie de l’engagement militaire au XX^e siècle, il en est un, le C-130 Hercules. Il vient de souffler ses 70 bougies, un anniversaire qui mérite bien cette rétrospective.

Les forces armées des États-Unis sont d’abord et avant tout une force logistique. Dès lors, le transport aérien est une priorité, un prérequis indispensable pour la réussite d’une opération militaire. Tel est l’esprit qui anime le cahier des charges rédigé par l’US Air Force à l’origine d’un nouvel avion de transport tactique.

C’est en 1951 que l’USAF émet la fiche de spécification d’un nouvel avion-cargo, dans le cadre de la guerre de Corée. Le blocus de Berlin en 1948-1949 a marqué à Washington. Le pont aérien est parvenu à desserrer la pression de l’URSS de Staline sur la ville. C’est une victoire de l’aviation de transport dans ce que l’on ne qualifie pas encore d’Operation other than War. L’aviation de transport autorise une gestion de crise sans montée aux extrêmes. L’épisode se traduit par trois faits structurants : la fin d’une diplomatie isolationniste de Washington, la création de l’Alliance atlantique et de sa structure de commandement militaire interalliée intégrée en charge de réaliser ses objectifs (l’Otan). Les trois cumulés soulignent l’importance de l’aviation de transport. Chez Lockheed, les ingénieurs conçoivent l’avion qu’ils espèrent idéal au regard des nouveaux enjeux. En 1954, à la Maison-Blanche, le général Eisenhower. À Paris, Pierre Mendès-France, Président du conseil, vient juste de mettre fin à la guerre d’Indochine suite au désastre de Diên Biên Phu. Le 12 août, la famille Hollande célèbre la naissance d’un petit garçon, François. La même année, l’USAF procède, sur l’atoll de Bikini, à l’essai de la plus puissante arme thermonucléaire, soit 15 mégatonnes. On se presse pour Marilyn Monroe dans Les Hommes préfèrent les blondes ou pour Kirk Douglas dans 20 000 lieues sous les mers tandis que Gabin signe son retour dans Touchez pas au Grisbi.