Nicolás Maduro, réélu à la tête du Venezuela, malgré une manipulation du scrutin, a éliminé progressivement tous les freins limitant ou contestant son pouvoir. L’opposition est pourchassée ou en exil. Caracas s’inscrit dans une confrontation permanente contre les États-Unis, s’affichant notamment aux côtés de la Russie ou de l’Iran, au risque de fragiliser l’Amérique latine.
Amérique latine - Venezuela : le coup de force permanent
Latin America—Venezuela: The Permanent Acquisition of Power
Nicolás Maduro, recently re-elected as leader of Venezuela despite manipulation of the count, has progressively eliminated all the constraints limiting or challenging his power. The opposition is constantly hunted down or in exile. Caracas is in a state of permanent confrontation with the United States, siding in particular with Russia and Iran, thus risking a weakened Latin America.
Les images du candidat de l’opposition vénézuélienne Edmundo González Urrutia (1) aux côtés du Président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez (2) à Madrid, le 12 septembre 2024, concluent une étape politique essentielle dans la profonde crise ouverte depuis la tenue des élections présidentielles, le 28 juillet 2024. Les résultats sont contestés, preuves à l’appui, par une opposition qui se heurte à un régime dont les institutions, remaniées depuis les précédentes élections controversées de juillet 2018, restent fidèles à Nicolás Maduro (3). Depuis, la mécanique de la répression s’applique implacablement contre tout opposant au régime : les manifestations sont violemment dispersées, les figures de l’opposition obligées de fuir le pays ou de rentrer dans une forme de clandestinité. L’histoire semble se répéter après des années de confusion qui avaient vu notamment Nicolás Maduro contesté par le Président d’une Assemblée nationale vidée de son contenu, Juan Guaidó (4).
Si 2023 avait semblé marquer un retour gradué et progressif de Nicolás Maduro sur la scène internationale, la confrontation à la réalité a été violente en 2024 : Mariá Corina Machado avait remporté les primaires de l’opposition mais a vu sa candidature invalidée doublée d’une inéligibilité pour une période de 15 ans, par la Cour suprême. Des irrégularités administratives et des accusations de « trahison » à la Nation ont servi de prétextes pour écarter une candidate qui parvenait à fédérer les forces opposées à Nicolás Maduro. Dans la foulée, ce dernier se lançait dans un marché de dupes, en revendiquant la région de l’Essequibo, au Guyana (5), riche en pétrole. Menace de conflit armé, appel à une mobilisation de ses soutiens, dénonciations d’ingérences étrangères, tous les « ingrédients » d’une diversion au nom de principes patriotiques étaient réunis et ont tenu en haleine l’Amérique latine inquiète de ces tensions territoriales, pouvant avoir des répercussions auprès des pays voisins, Brésil et Colombie, tout comme avec la France et la Grande-Bretagne, le Guyana étant membre du Commonwealth.
Autant dire que le Venezuela s’est transformé en un foyer d’instabilité et de tensions en Amérique latine à tel point que désormais, de l’issue de la crise politique dépend la paix régionale. En effet, il est malheureusement attendu une nouvelle vague de migrants vers la Colombie, les pays andins et naturellement vers les États-Unis. Dans un environnement international inflammable, le Venezuela se transforme en une nouvelle tête de pont d’un axe hostile à l’Occident, passant essentiellement, en Amérique latine, par Caracas et Managua, en associant sur certaines actualités, la Bolivie et Cuba qui est trop concentré sur la crise économique permanente. « La tentation du “Sud global” » (6) contribue à une forme de fragmentation de l’Amérique latine, mais également à un nouvel alignement sur des positions internationales ouvrant la voie à une fracture idéologique pouvant conduire à des conflits. C’est la raison pour laquelle les événements en cours au Venezuela, se traduisant par un nouveau raidissement d’un régime qui a fait le choix d’un autoritarisme affirmé au nom d’une liberté et indépendance dévoyées, s’inscrivent dans une logique générale. Elle vise à prendre à revers les États-Unis sur leur frontière sud tout en renforçant les attaques contre un système de sécurité et de gouvernance né au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Il reste 88 % de l'article à lire
Plan de l'article