L’actualité, continuellement changeante, nous fait souvent oublier les fondements du monde où nous vivons. Une partie importante de ce monde est constituée par l’Islam, que l'auteur, vieux saharien, a bien connu, au moins sous certaines de ses formes africaines. Il nous en fait un tableau lucide mais où ses convictions personnelles n’empêchent ni la compréhension ni la sympathie. Bien évidemment, il n’a pu tout dire en si peu de lignes, et les spécialistes pourraient lui en faire le reproche, comme de n’avoir pas parlé des grandes confréries musulmanes, Tidjanyia ou Guadryia par exemple, qu’il a dû connaître en Afrique.
Ce tableau rapide qu’il nous présente d’une plume alerte n’en est pas moins précieux, à plus d’un titre, pour bien replacer des morceaux de cette immense mosaïque dans une première partie de son histoire, ses lois, son dogme, dans une deuxième partie l’Islam au XXe siècle.
L’Occident tient trois discours sur l’Islam. Le premier, fort ancien et bien passé de mode, est un discours de combat et de défense de la chrétienté. C’est pour lutter contre « l’hérésie » que Pierre le Vénérable, Abbé de Cluny, fait entreprendre, vers 1140, la première traduction latine du Coran (1). Le second est celui des orientalistes, discours froid souvent mal reçu des croyants, choqués de voir révélation et foi traitées comme objets de science. Le troisième, le plus moderne et qu’illustre bien un récent ouvrage de M. Garaudy (2), parle de l’Islam avec une sympathie active. Pour peu qu’il procède d’un refoulement religieux, freudisme retourné, il cherche dans la spiritualité islamique un espoir pour le monde de demain. Si l’on ne craignait d’être injuste, on rapprocherait cet ultime détour de l’attrait qu’exercent sur de jeunes esprits les philosophies ésotériques les plus lointaines et du curieux aveuglement de ces fils de chrétiens pour lesquels le salut doit être cherché partout sauf dans leur propre Église.
L’Occident s’est jeté dans l’expérience, fort nouvelle, d’une civilisation athée — entreprise suicidaire, on commence à le constater. L’Orient, à l’inverse, étale bruyamment la vitalité de sa foi combattante. À la croisée de chemins si divergents, et au moment où l’actualité internationale est pleine de clameurs et de fureurs musulmanes, on voudrait tenter ici, après bien d’autres, et plus autorisés, une approche de l’Islam, sereine mais non dépourvue de passion.
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