Editorial
Éditorial
Chères lectrices et chers lecteurs de la RDN, partout où que vous soyez et que ce soit la lecture du mensuel ou de notre site Internet, toute l’équipe vous souhaite une très bonne année 2025 et que vos destins personnels et collectifs soient riches de satisfaction et d’espérance.
L’année 2024 a été particulièrement difficile à tous les niveaux, de la géopolitique mondiale à notre scène politique nationale. L’Ukraine poursuit un combat existentiel face à la Russie pour assurer sa survie comme nation souveraine. L’Europe, bien que derrière Kiev, s’interroge sur le futur et comment soutenir le peuple ukrainien usé par une guerre qui va entrer dans sa quatrième année. Moscou a, durant cette année, à la fois rehaussé l’intensité des frappes sur tout le territoire ukrainien et poursuivi sa stratégie de déstabilisation vers les pays de l’Union européenne, notamment en manipulant les processus électoraux en Moldavie ou encore plus grave, en Roumanie. Pour Vladimir Poutine, ouvrir des négociations avec Kiev ne signifie pas des discussions avec des concessions mutuelles, mais bien une capitulation de l’Ukraine. C’est totalement inenvisageable tant pour Kiev que pour l’Europe… à moins d’accepter un nouveau Munich !
2024 a également vu la bascule des Proche et Moyen-Orient, avec l’extension du conflit généré par les attaques terroristes du 7 octobre 2023 par le Hamas contre Israël, se traduisant par le retour de la guerre au Liban et l’élimination quasi complète du Hezbollah libanais, fidèle soutien du régime de Téhéran. Certes, le Hamas à Gaza et le Hezbollah ont perdu une très grande part de leurs capacités militaires mais le temps d’un vrai processus de paix semble encore loin, même si le cessez-le-feu au Liban ouvre de nouvelles perspectives, ne serait-ce que pour retrouver un minimum de souveraineté pour l’État libanais.
Autre conséquence du 7 octobre que personne ne prévoyait : l’effondrement du régime syrien de Bachar el-Assad, piteusement réfugié à Moscou, tandis que des groupes rebelles à l’idéologie djihadiste prenaient le contrôle de Damas, avec l’appui de la Turquie. Libération du peuple syrien ? Là encore, il est trop tôt pour savoir si ce nouveau régime sera fédérateur ou bien dans sa logique initiale, au détriment des minorités syriennes comme les Alaouites ou les Chrétiens, sans oublier les Kurdes. Une certitude cependant, il s’agit d’une défaite pour la Russie de Vladimir Poutine, incapable de soutenir un deuxième front mais aussi pour l’Iran des Ayatollahs qui perdent des points d’appui dans la région, alors même que la contestation intérieure du régime grandit, à l’image de la chanteuse Parastoo Ahmadi défiant les Mollahs au risque de sa propre vie.
2025 va donc être une année difficile où le brouillard de la géopolitique et de ce fait des guerres est plus opaque que jamais. Avec un premier saut dans l’inconnu lorsque Donald Trump va retrouver, à partir du 20 janvier, la Maison-Blanche. Son mandat risque d’être profondément disruptif et de rebattre les pièces sur l’échiquier mondial. La seule certitude actuelle est que l’équation internationale va comporter de très nombreuses inconnues et aura de multiples répercussions que personne ne maîtrise, à commencer par Trump lui-même !
Quelle sera la teneur des discussions avec la Russie de Poutine sur l’Ukraine, quelle place pour l’Europe dans la redéfinition d’une nouvelle architecture de sécurité pour le « Vieux Continent », quelle issue pour le programme nucléaire iranien, alors que l’arc chiite vient de se fracasser sous les coups de boutoir d’Israël, quelle politique de Netanyahou à l’égard et de Gaza et de la Cisjordanie, quelle relation entre Washington et Beijing et donc quels liens entre Washington, Séoul et Tokyo ? La liste des interrogations est hélas très longue, trop longue avec tant d’incertitudes stratégiques. Il faut ici se demander comment l’Europe, tant dans sa dimension politique qu’est l’Union européenne, ou sécuritaire avec l’Alliance atlantique va agir. Bien sûr, depuis le 24 février 2022, il y a une prise de conscience de la gravité de la situation et du besoin de se réarmer. Néanmoins, comment vont réagir les États après le 20 janvier, entre volonté de souveraineté et d’équilibre ou de soumission ? Certains pourraient accepter les diktats, qu’ils viennent de Moscou ou de Washington.
Et, malheureusement, l’instabilité politique nationale tombe au mauvais moment. Certes, si l’on peut constater avec satisfaction que la LPM 2024-2030 a bien été exécutée jusqu’à présent, l’incertitude budgétaire actuelle est une catastrophe pour la suite avec de facto des retards pour de nombreux programmes d’armement pourtant indispensables dans le contexte de guerre actuel. Soulignons hélas que bon nombre de nos politiques n’ont démontré aucune compréhension pour les enjeux de défense durant cette période et la nécessité absolue de poursuivre la trajectoire de la LPM. Même la crise sécuritaire en Nouvelle-Calédonie et le drame du cyclone Chido à Mayotte ne semblent pas avoir fait comprendre à certains que nos armées sont une des clés majeures pour notre sécurité partout dans le monde.
À ces perspectives plutôt sombres pour 2025, il ne faudrait pas oublier cependant la grande réussite des Jeux olympiques et paralympiques de Paris l’été dernier, auxquels nos armées et la Gendarmerie ont été particulièrement engagées et ont démontré l’efficience de nos militaires, marins, aviateurs, civils au service de notre pays. On pourrait y ajouter la réouverture de Notre Dame qui a montré au monde entier une perspective extraordinaire de beauté et d’espérance.
L’équipe de la RDN va poursuivre son travail de décryptage géopolitique et des enjeux de défense y afférant, avec détermination et passion. La Revue sera au cœur de cette actualité, tout en poursuivant sa modernisation avec la mise en place d’un nouveau site Internet plus convivial et encore plus complet. C’est l’engagement de toute l’équipe et de tous ceux qui nous soutiennent pour que vive le débat stratégique.
Que 2025 soit une année de construction, de cohésion et de confiance dans l’avenir. ♦