Les nouvelles formes de conflictualité obligent à repenser le rôle de l’information et le besoin opérationnel en découlant. Désormais, toutes les opérations militaires nécessitent un volet informationnel conséquent, absolument indispensable pour obtenir le succès escompté. Dans une démarche interministérielle, nos armées accroissent leur compétence dans ce champ en pleine expansion.
Opérations d’information et lutte informationnelle : permanence et défis
Information Operations and Information Warfare: Permanence and Challenges
New forms of conflict are driving a review of the role of information and the operational need that flows from it. Today, all military operations involve a sizeable information element that is critical to achieving the desired outcome. Following an inter-ministerial lead, our armed forces are boosting their competence in this rapidly-expanding field.
La Revue nationale stratégique (RNS) de 2022 (1), introduit l’influence au rang de sixième fonction stratégique et marque ainsi un tournant important dans la prise en compte, en France, de cette dimension des conflits. Pour les Armées, acteur concourant à la stratégie nationale d’influence, ce virage se caractérise par la création d’une aptitude interarmées dédiée : « influence et lutte informationnelle » (2). Il s’agit dès lors de construire une capacité à agir sur les perceptions, à modifier les attitudes et les comportements dans le but d’atteindre les objectifs stratégiques fixés par l’échelon politique. Prendre et conserver l’ascendant dans les champs informationnels face à un ou plusieurs adversaires ou compétiteurs désignés en est le premier corollaire, mais s’avère poser d’importants défis opérationnels. Dans ce contexte, la lutte s’engage bien avant que les premiers soldats ne soient mobilisés ou que les obus ne tombent. Dès la phase de compétition, commence ainsi une lutte feutrée, parfois violente, pour laquelle le récit soutient l’action et parfois la devance.
Comprendre son environnement pour mieux agir, détecter et entraver les actions adverses, être capable de produire des effets en maîtrisant l’ensemble des possibilités offertes par les nouveaux champs de conflictualités (cyber, Espace, informationnel) s’avèrent ainsi essentiel dans les opérations militaires contemporaines dont le niveau de complexité et d’intrication ne cesse de croître. Les exemples récents en République centrafricaine par exemple, illustrent directement comment, en inoculant des récits fallacieux, la Russie (3) a su exacerber le ressentiment des populations afin de le transformer en rejet de l’action de la communauté inter-nationale et aboutir au retrait des contingents militaires. Si dans les principes, ces actions semblent directement héritées des Opérations d’information (OI) ou des Opérations psychologiques (Psyops), la mondialisation des échanges de biens (y compris immatériels) et la numérisation de l’ensemble des processus sociaux marquent une inflexion significative dans la manière dont les Armées doivent aujourd’hui envisager ces actions. Ainsi, s’engager dans la lutte informationnelle s’avère-t-il moins trivial que d’intégrer les opérations d’information dans nos processus d’état-major.
L’influence dans les opérations militaires et « guerre de l’information »
L’influence est un concept qui souffre encore en France de nombreuses interprétations et définitions qui, toutes, dépendent de la position de celui qui manipule le concept. Ainsi, la science politique ou les études stratégiques et militaires y verront chacune l’expression d’une réalité particulière.
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