Dans l’un de ses sens classiques, la gravité est le « caractère de ce qui est important, de ce qui doit être considéré avec sérieux » ⁽¹⁾. Or, bien qu’un journaliste ou un analyste du renseignement étudie une information entre autres du fait de son importance et de la nécessité de la prendre au sérieux, on trouve peu d’occurrences de la locution « information grave » dans la littérature académique. Tentons de mettre au jour ses sens et usages potentiels afin d’en proposer une exploitation pour la défense et la sécurité.

L’information grave par son contenu

Dans bien des domaines, la notion de gravité est non seulement parfaitement définie, mais aussi normée selon une échelle propre au thème considéré. Les organismes chargés de la sécurité aérienne ou de la sûreté nucléaire disposent ainsi de telles échelles. Pour établir les niveaux de gravité d’un accident ayant eu lieu, entrent essentiellement en considération les dommages matériels et corporels décomptés. Pour un événement en cours, ou pouvant survenir, l’échelle de gravité porte davantage sur le risque de tels dommages à envisager.

La gravité ne se limite pas à la survenue d’un événement ; une situation peut aussi être désignée comme grave. C’est ainsi pour alerter le public sur la gravité de la situation mondiale qu’a été mise au point la célèbre (et très discutable) « horloge de la fin du monde » (Doomsday Clock) par un ensemble de chercheurs ⁽²⁾ : elle indique de manière imagée à quel point, selon la formule courante, « l’heure est grave » puisque proche de l’heure de l’apocalypse, c’est-à-dire à quel point « la situation mondiale est grave à l’heure qu’il est », avec une représentation symbolique de la gravité sur une horloge en guise d’échelle.