Le narcotrafic est en croissance exponentielle, bénéficiant de l’expansion du trafic maritime. Les moyens notamment financiers permettent aux organisations criminelles de prospérer et de remettre en cause la souveraineté de certains États. Les ports et les conteneurs sont les vecteurs utilisés pour transporter et « commercialiser » les différentes drogues. La menace impose désormais une réponse globale impliquant la défense.
La thalassopolitique du narcotrafic, défi porté à la souveraineté des puissances ?
The Thalasso-politics of Drug Traffic—A Challenge to National Sovereignty?
Drug trafficking is growing at an astonishing rate, and benefiting from the expansion of maritime traffic. The stakes involved—financial, above all—are allowing criminal organisations to prosper, and even to challenge the sovereignty of some countries. Ports and containers are employed to transport and market the different drugs. The threat now requires an overall response which includes the use of defence assets.
Note préliminaire : Thalassopolitique du narcotrafic international, la face cachée de la mondialisation ? (Éditions EMS, 2024) a été publié avec le soutien financier et scientifique de la Fondation de prospective maritime et portuaire SEFACIL, ainsi qu’avec le partenariat opérationnel d’IRENA GROUP et de Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC). L’ouvrage est en libre téléchargement (https://www.sefacil.com/literaturethird/).
Les marines nationales comme les services répressifs affichent régulièrement des saisies croissantes de produits stupéfiants, principalement en haute mer ou dans des ports maritimes. Ce sont, ainsi, 113 tonnes qui ont été saisies en 2023 à Anvers en Belgique. Le démantèlement de solutions de communication chiffrée telles Ghost-ECC (1) en septembre 2024 lève le voile, sans fard, sur la réalité des activités criminelles et des relations entre acteurs illicites. Tandis qu’au cœur des territoires, le « narco-banditisme » ronge méthodiquement l’ordre public avec un nombre vertigineux de victimes de règlements de compte liés au contrôle de points de vente illicites. Ces différentes situations illustrent le défi majeur, voire vital, posé par le narcotrafic aux États et conduisent à s’interroger sur l’impact des menaces criminelles sur la stabilité des États et sur les équilibres des relations internationales. Dans ce contexte, les autorités publiques sont-elles encore maître chez elles ? Parviennent-elles à garantir l’ordre public socio-économique et la souveraineté sur ses propres espaces, matériels comme immatériels ?
Ces questions graves prennent encore davantage d’acuité lorsque l’on adopte un point de vue « thalasso-centrée », c’est-à-dire une perspective centrée sur les mers. En effet, les espaces océaniques comme les vecteurs maritimes constituent des démultiplicateurs de puissance au cœur d’un commerce international fortement tributaire de la mer et de ses potentialités perçues comme infinies. Le narcotrafic demeure, avant toute chose, un sujet de logistique qui consiste à acheminer en sécurité des biens d’une zone de production à un marché de consommation. De ce fait, à l’image de 90 % des biens de consommation, la plupart des drogues mises sur le marché ont « pris la mer » selon des modalités diverses.
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