Six ans après la publication de la Stratégie spatiale de défense, les constats à l’origine de l’adaptation de notre politique spatiale de défense et les ambitions exprimées pour garantir notre autonomie stratégique ont conservé toute leur pertinence ⁽¹⁾. Le contexte stratégique dans l’Espace se durcit, voire se détériore, de manière accélérée sur fond de transformation radicale de l’environnement spatial. Nos intérêts sont soumis à des menaces et des risques de plus en plus diversifiés et sophistiqués.

Ces constats, isolés en 2019, sont désormais largement partagés avec nos alliés et partenaires qui reconnaissent à la fois l’étendue des défis, les changements d’échelle en cours et les dangers de l’inaction face aux stratégies d’intimidation et aux volontés de contournement des compétiteurs ⁽²⁾. Cette prise de conscience oblige nationalement et collectivement. Elle doit notamment se traduire par la poursuite de nos efforts visant à susciter et mettre en œuvre une appropriation stratégique commune au sein de l’Union européenne (UE), en complément de notre engagement en soutien à la montée en puissance de l’Organisation du Traité de l’Atlantique nord (Otan) et de nos différents partenariats. Cela nécessite une compréhension fine des dynamiques de compétition dans l’Espace mais aussi des dilemmes, des limites et des dialectiques renouvelées que l’on rencontre quand on tente de gérer ces dynamiques.

Intensification et diversification de la compétition stratégique

L’Espace apparaissait autrefois comme un terrain de compétition bien balisé, organisé autour d’un rapport de force centré sur quelques grands pays et verrouillé par des pratiques et des normes d’auto-restriction. Il semble plus que jamais proche d’un point de rupture. Alors que se joue une révolution dans l’utilisation de l’Espace dont le conflit en Ukraine est l’illustration ⁽³⁾, ce milieu est l’objet d’ambitions révisionnistes exacerbées assumées et de stratégies de prééminence renouvelées.