Dès les premiers jours de l’exploration spatiale, lorsque les scientifiques, techniciens et ingénieurs ont commencé à envisager la façon dont la maîtrise des orbites pourrait servir à soutenir les ambitions des grandes puissances, l’Espace est devenu le vivier d’innovations duales spectaculaires ⁽¹⁾, reflétant à la fois le potentiel d’ingéniosité de l’humanité et les dynamiques de pouvoir contemporaines.

Une nouvelle architecture spatiale

Si l’exploitation de l’Espace relevait autrefois des compétences régaliennes d’une poignée de pays maîtrisant son accès, une nouvelle dynamique prend naissance dans les années 1990. Les acteurs privés émergent comme vecteur d’innovations dans l’industrie spatiale, s’assemblant au sein de la tendance New Space ⁽²⁾ qui prend réellement forme au début des années 2000 aux États-Unis, puis plus tardivement en France.

Cette mutation industrielle, catalysée par la prise de risque et par une explosion d’initiatives et de technologies, a remis en question les processus capacitaires traditionnels et ouvert la voie à de nouvelles utilisations de l’Espace. Tout en révolutionnant l’accès à l’Espace, le New Space redéfinit les paradigmes de la puissance spatiale et transforme en profondeur l’architecture économique, géopolitique, capacitaire, technologique et opérationnelle du secteur.