L'actualité a placé sur le devant de la scène médiatique l'île de Jolo, ses rebelles et ses otages. L'article montre qu'aucun pays de l'Asie du Sud-Est n'est épargnée par ces mouvements insurrectionnels.
Les mouvements insurrectionnels en Asie du Sud-Est
L’Asie du Sud-Est est caractérisée par des fractures sociales et religieuses qui perturbent les équilibres internes des pays et menacent la stabilité régionale. Les convulsions se traduisent par une multitude de mouvements insurrectionnels à l’encontre de pouvoirs centraux qui éprouvent beaucoup de difficultés à maîtriser des situations extraordinairement complexes. Ces turbulences ont pour origine les frustrations de populations marginalisées, des antagonismes religieux ou des refus d’intégration dans leur appareil d’État qui récuse la prise en compte de particularités culturelles. Dans ces abcès de violence, la profusion des armes et les possibilités de trafics de tout genre permettent la longévité des conflits. Une certaine culture de guerre s’est ainsi développée dans de vastes espaces en perpétuelle agitation. Ce phénomène est particulièrement sensible dans certaines contrées du Myanmar (ex-Birmanie), de l’Indonésie et des Philippines.
Le terreau insurrectionnel du Myanmar
Nationalismes, drogue et pierres précieuses
Le Myanmar constitue le cas extrême en Asie orientale d’un État qui n’a pas réussi à unifier son territoire (676 577 kilomètres carrés) depuis l’indépendance en 1947, essentiellement en raison de deux courants de contestation : d’un côté, celui nourri par les rébellions ethniques, de l’autre celui entretenu par une opposition de plus en plus forte au sein de la population et qui se regroupe dans la NLD (National League for Democracy dirigée par le Prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi). Dans ce pays déchiré, les dictatures militaires au pouvoir depuis 1962 cherchent à s’y maintenir coûte que coûte malgré le poids des séparatismes, qui trouvent dans la géographie un cadre favorable au développement des mouvements de guérilla.
L’extraordinaire mosaïque humaine se compose de plus d’une centaine de groupes et sous-groupes qui refusent toute forme d’allégeance envers le gouvernement de Rangoon et qui disposent, pour la plupart, d’une organisation politico-militaire pour faire valoir leurs récriminations. La majorité de ces populations sont de confession bouddhiste, mais certaines tribus montagnardes ont conservé des pratiques animistes ou ont été gagnées par l’islam ou par le christianisme. Cette grande hétérogénéité a engendré de nombreux clivages culturels qui alimentent des conjonctures conflictuelles, entre certaines minorités, ou entre ces minorités et le régime de Rangoon. L’État birman reste ainsi fragilisé. Les acteurs de ces conflits puisent leurs ressources dans le commerce lucratif de produits tels que drogue, pierres précieuses, bois, essences végétales…
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