Dans son intéressante étude sur l’avenir de l’arme blindée, parue dans la Revue de Défense nationale de décembre 1946, le colonel de Beaufort écrit : « Évidemment, la mobilité stratégique d’une unité blindée est faible pour un pays dont les ressources sont limitées et l’Empire immense. Moins les forces dont on dispose sont nombreuses et plus elles doivent être mobiles. L’arme blindée peut-elle répondre aux conditions exigées ? Rien n’empêche de concevoir et de réaliser des engins blindés aéro-transportables puisque cela a déjà été fait. Il sera nécessaire de limiter leur poids et leur encombrement ; par conséquent leur puissance…

« À tous points de vue, l’armée blindée doit faire partie de l’arme aéro-transportée qui a besoin, une fois débarquée, de sa puissance et de sa mobilité sauf pour de petits détachements chargés de coups de main… Si nous pouvons reprocher au char son manque de mobilité stratégique il ne faudrait pas pour cela nous cantonner dans des unités capables d’aller vite et loin mais incapables, une fois arrivées, faute de mobilité et de puissance, de combattre et de manœuvrer efficacement… Il est bien évident que si nous prenons le cas des opérations de police dans nos possessions, l’utilité de l’engin blindé n’est pas contestable. Les combattants d’Indochine semblent bien d’accord pour dire que le tandem char-infanterie, appuyé par les autres armes, a montré toute sa valeur… ».

Le problème de la mobilité stratégique de forces puissantes et soutenues étant ainsi posé, à la fois dans sa généralité abstraite et, en ce qui nous touche de plus près, dans le cas concret de l’ensemble des territoires de l’Union française, nous pensons qu’en dehors de l’espoir hypothétique dans une solution imparfaite évoquée par le colonel de Beaufort il n’est pas inutile de rappeler la magistrale solution qui lui a été donnée, à travers le monde entier, depuis des siècles, et singulièrement au cours des trois dernières années de la guerre mondiale qui vient de finir.