Les déclarations du président de la République française à la veille du sommet de Nice, évoquant une Europe de la défense « coordonnée avec l'Alliance », mais « indépendante par rapport au Shape » pour ce qui concerne « son élaboration et sa mise en oeuvre », ont fait l'effet d'un pavé dans la mare euro-atlantique alors qu'elles lèvent certaines ambiguïtés : l'Europe doit avoir l'ambition d'être une puissance forte politiquement et militairement. L'attitude des États-Unis est guidée par la volonté de ne pas voir leur leadership remis en cause : il n'est donc pas question de toucher à son expression en Europe, l'Otan. Ils sont sans doute prêts à tolérer, peut-être même à accepter, voire pour certains à souhaiter, une Europe militaire relativement forte, mais ils excluent, pour l'instant, une Europe politique forte. Les relations futures entre l'UE et l'Otan, s'en ressentiront, mais il est temps de comprendre qu'il y aura, dans l'avenir, deux types d'opérations militaires : celles avec les États-Unis, au sein de l'Otan ; celles sans les États-Unis, conçues et conduites par les Européens.