Le 11 septembre 2001, Oriana Fallaci est dans son appartement de Manhattan. Elle en devient « enragée » et écrit un livre qui a fait scandale, présentant de l'islam un tableau sans pitié. À ce pamphlet poivré, on oppose ici un doux catéchisme où Tahar Ben Jelloun explique aux petits musulmans ce qu'il tient pour le vrai islam.
Parmi les livres - Le poivre et la guimauve
« Raciste ! raciste ! » : Oriana Fallaci avait prévu le tollé qu’elle a soulevé. Les Cigales, ainsi qu’elle nomme les adeptes du politiquement correct, ont en effet beaucoup stridulé lorsqu’en mai dernier son livre (1) est paru en France. Le Mrap, la Licra et la Ligue des droits de l’homme assignaient en référé Mme Fallaci, pour appel à la violence contre les musulmans. L’audience du 18 juin est, à ma connaissance, restée sans suite et l’ouvrage occupe le premier rang au classement des libraires.
Oriana Fallaci jouit en Italie d’une grande notoriété. Sept de ses livres ont été traduits en français. Engagée à quatorze ans dans la résistance au fascisme, longtemps correspondant de guerre, cette Florentine, athée mais éprise de catholicité, allait être écœurée par son pays, chère Italie qu’elle ne reconnaît plus. Depuis dix ans, elle vit en exil à New York, « muette et dédaigneuse ». C’est dans son appartement de Manhattan que le 11 septembre la saisit. Voilà le silence aussitôt rompu, et par un hurlement de rage et d’orgueil. Rage, devant l’horreur de l’attentat, mais plus encore à entendre les commentaires doucereux des Cigales de luxe : « Aux Américains ça leur va bien » (comprenez, ils ne l’ont pas volé). Orgueil aussi, blessé par le mépris que les islamistes affichent pour notre civilisation. Rage et orgueil font un superbe livre, cri jeté dans les trois semaines qui suivirent le massacre.
Le « sermon », ainsi qualifie-t-elle son ouvrage, va au-delà de l’attaque virulente de l’islam, à laquelle on a voulu le réduire. On pourrait en faire trois morceaux : défense de l’Amérique, critique de l’Occident moderne, mise au pilori de l’islamisme. Commençons par les deux premiers. Oriana Fallaci aime l’Amérique. « C’est un pays vraiment spécial », dit-elle en un charmant euphémisme. Si ce pays est vulnérable, c’est en raison de sa force et de sa richesse. Les pères fondateurs n’ont rien à voir avec les « avocaillons » précurseurs de la Révolution française. Pays de la liberté sans doute, mais aussi de l’unité dans l’épreuve : ex pluribus unum. Les manifestations spontanées de patriotisme qui ont suivi le 11 septembre la remplissent d’admiration : « Aux États-Unis, ces choses, on ne les organise pas ».
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