Alerte ! Droit devant
Comme l’annonce la quatrième de couverture, cet ouvrage présente une série d’« épisodes colorés et vivants » retraçant l’action de la marine nationale au cours de la Seconde Guerre mondiale. On y trouve tous les types d’unités, de la vedette au cuirassé et au sous-marin, toutes les natures d’opérations, offensives ou défensives, en mer ou à terre, enfin des marins en tous genres, de carrière ou de réserve, de l’amiral au simple matelot.
La quinzaine de courts récits (10 à 15 pages) décrit le plus souvent ces affrontements brefs et violents qui sont le fait de la guerre maritime, même quand ils font suite à de longues périodes de surveillance et de traque. Cependant, le cadre s’élargit parfois, notamment dans le cas de l’agonie de Dunkerque, de la défense de Bir Hakeim ou du débarquement de Provence.
Le profane découvrira quelques termes d’un vocabulaire spécifique, la mer qui « brasille », le convoi qui « se déhale », les objets « accorés »… Il s’interrogera au passage sur le destin des grands vaisseaux de ligne qui firent surtout de la présence avant de finir à la casse ou de sombrer corps et biens en un clin d’œil ; les belligérants se sont-ils « entendus tacitement pour ménager d’un commun accord des forteresses flottantes valant des dizaines de milliards » ? Il est vrai que si le Jutland et la mer de Corail furent le pendant naval, toutes proportions gardées, de Verdun et de Stalingrad, les mêlées de type Aboukir ou Trafalgar se font rares. En outre, dès 1940, la plupart des navires français de grande taille étaient hors course pour une raison ou pour une autre.
De son côté, le terrien relèvera deux éléments : d’une part, le caractère collectif de drames qui font, d’un seul coup et dans des conditions effroyables, disparaître par torpille ou mine des équipages entiers, et le fantassin ne trouvera ici l’équivalent que dans les entonnoirs de Perthes ou de Vauquois ; d’autre part, ce mélange constant de gestes professionnels précis, de dépassement physique et de rapidité de réaction requis simultanément dans l’engagement, et l’artilleur se verra alors « débouchant à zéro ».
Le livre d’images n’est pas loin : les Bretons sont « calmes et intrépides, à l’âme de roc et au cœur d’acier », tandis que « la muraille de fer crache le feu et la mort » sur une mer « crêtée d’écume qui luit d’un reflet blafard ». On peut pardonner cette grandiloquence à un volume de lecture facile destiné – si besoin était – à faire aimer et admirer la Royale. ♦