Les limites de l'effort militaire
« En ce temps-là, les finances étaient obérées et les mœurs dissolues. » C’est en ces termes qu’un professeur d’histoire entamait jadis une de ses conférences et il continuait en feignant de s’étonner que l’énoncé de ces deux caractères de l’époque qu’il étudiait n’ait pas suffi à la désigner à ses auditeurs.
En ce temps-là, les peuples pliaient sous le fardeau des armements, et, sentant bien que pareille situation ne pouvait se prolonger, se demandaient avec angoisse ce qui allait en advenir. Quelle est celle des trente-neuf années de ce siècle, pour ne pas parler des précédents, où cet aspect des événements n’ait pas apparu, aux yeux des contemporains, comme l’un des traits les plus saisissants de l’époque qu’ils vivaient ? Il n’est guère que de 1914 à 1918 où des tâches plus urgentes aient délivré les acteurs du drame du souci de savoir comment l’affaire se réglerait sur le plan financier.
Lorsqu’on relit, en 1939, les lamentations de ces gens économes qui se demandaient si l’on parviendrait à alimenter en munitions des troupes armées de fusils « à répétition », si les budgets résisteraient à la construction de « mastodontes » de 12.000 tonnes qui duraient vingt-cinq ans à peine — il n’était pas encore question d’aviation — on est porté à quelque scepticisme sur les raisons qu’avaient nos aînés de se plaindre du malheur des temps. Mais ces constatations n’affaiblissent en rien notre certitude que la situation présente est intenable.
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