Malgré le coup d’arrêt donné en mai dernier à la consolidation des institutions de l’UE, la question de la poursuite de l’engagement français en faveur de la PESD est plus que jamais d’actualité. L’expérience européenne de l’opération Artémis en RDC durant l’été 2003, mais aussi la tournure prise par les crises plus récentes en Côte d’Ivoire et au Soudan, soulignent l’importance pour la France de clarifier sa politique africaine en tirant toujours davantage partie des opportunités qu’offre la PESD.
La PESD : un moyen d'assurer la position de la France en Afrique ?
Parfois tentée de prendre ses distances par rapport à ses anciennes colonies, la France ne peut toutefois négliger l’importance primordiale de sa position en Afrique, position sans laquelle elle n’occuperait pas la même place sur la scène internationale. Cependant, tous les observateurs s’accordent à dire que l’influence de la France ne peut plus s’exercer aujourd’hui de la même façon qu’il y a une dizaine d’années : l’environnement international exige en effet de plus en plus d’éléments de légitimité difficilement accessibles pour une puissance moyenne ; surtout, la France n’a plus les moyens de perpétuer, seule, une telle présence. Certains, comme le journaliste Stephen Smith (1), vont jusqu’à affirmer que la crise ivoirienne est le dernier épisode marquant la fin de l’influence prépondérante de la France sur le continent africain.
Quoi qu’il en soit, la politique exclusivement unilatéraliste de la France en Afrique se révèle désormais être une impasse, et la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) apparaîtra de plus en plus comme le moyen privilégié d’en sortir.
LE CONSTAT D’UNE CERTAINE IMPUISSANCE
L’opération Licorne en Côte d’Ivoire depuis septembre 2002 est la preuve que la France dispose d’un outil militaire puissant et efficace : peu de nations au monde sont capables, aujourd’hui, de déployer rapidement et de soutenir pendant une longue durée plus de 4 000 soldats à une telle distance de leurs bases. En outre, parmi les pays européens, la France est l’un des rares à fournir un réel effort en matière de défense, particulièrement à travers la loi de programmation militaire pour les années 2003-2008. Cependant, ce constat ne doit pas occulter les réelles difficultés qu’elle rencontre pour assumer cette place en Afrique, difficultés aggravées par la baisse relative des divers moyens dont elle dispose à cet effet.
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