La dépendance pétrolière. Mythes et réalités d'un enjeu stratégique
La dépendance pétrolière. Mythes et réalités d'un enjeu stratégique
Consacré à la dépendance pétrolière et aux représentations qu’elle engendre ainsi qu’à leur impact géopolitique, l’ensemble de l’ouvrage, que nous proposent Gérard Chaliand et Annie Jafalian, est particulièrement instructif et commode. Organisé en une analyse collective des enjeux contemporains et un dossier consacré aux fondements historiques et économiques de la question il est judicieusement complété par un système de renvoi au site Internet Universalis qui offre des compléments d’information pour élargir la réflexion proposée.
Le mérite principal de cet ouvrage est de relativiser les mises en gardes alarmistes concernant une prochaine pénurie de pétrole et de recentrer le débat sur les véritables motifs d’inquiétude. Le marché du pétrole, actuellement, est caractérisé par une absence de capacités excédentaires de production au Moyen-Orient, lequel fourni le tiers des approvisionnements mondiaux de pétrole et par une demande croissante en provenance, non seulement de la Chine, mais aussi de l’Inde et des États-Unis. Ainsi, le véritable problème est-il moins celui d’une rupture brutale des approvisionnements, c’est-à-dire l’absence physique de pétrole, que la hausse durable du prix des hydrocarbures. Dans une démarche prospective, les auteurs soulignent les enjeux qu’ils fixent à 2030. Il faut avant tout assurer chaque année une production supplémentaire de 150 millions de tonnes tout en remplaçant une bonne part de la production actuelle issue de gisements qui vont naturellement s’épuiser. En effet, la moitié des pays producteurs en dehors du Moyen-Orient sont arrivés à maturation depuis 1997. Soulignant les difficultés que pose cette situation, les auteurs sou lignent l’ampleur des investissements à financer, alors même que les pays producteurs n’ont, à court terme, aucun intérêt à investir pour favoriser la hausse d’une production qui signifierait la baisse des prix. Dans ces conditions, la situation de quasi saturation des capacités de production fait craindre un choc énergétique à l’horizon de 2010.
Cependant, cette crainte n’est pas irrémédiable. L’ouvrage, qui relativise tout risque de pénurie physique, souligne que de nouveaux gisements sont découverts régulièrement et que le taux de récupération des gisements connus peut croître très significativement du fait des progrès techniques. À plus long terme, la hausse des prix encourage la recherche et le développement de nouveaux gisements, ralentissant ainsi l’épuisement des réserves d’hydrocarbures. ♦