Autrefois, la construction navale militaire donnait le « la » et imposait ses propres avancées technologiques au monde maritime marchand. Les performances techniques des bâtiments militaires surclassaient sous bien des aspects celles des navires du commerce. Cela reste vrai en ce qui concerne les sous-marins – de facto sans concurrence civile – ou encore en matière de propulsion nucléaire. Ce l’est beaucoup moins aujourd’hui pour les plates-formes propulsées de nos bâtiments de surface, qui accusent un réel retard par rapport à beaucoup de navires marchands complexes, dans certains domaines où les choix techniques et industriels civils sont pour nous pertinents.
Construction navale militaire : une révolution à poursuivre
Naval shipbuilding: the need to keep up with the latest advances
Formerly, naval shipbuilding set the tone for and imposed its own technological advances on the merchant marine world. The technical performance of military craft in many respects outclassed that of commercial shipping. This remains true as far as submarines—de facto without commercial competition—are concerned, and in the case of nuclear propulsion. It is much less the case today in France for naval surface ships, which are well behind many sophisticated merchant ships in certain areas where civil technical and industrial choices are pertinent.
Le VA Emmanuel Desclèves exprime ici une opinion personnelle, fondée sur une carrière largement consacrée à ces sujets, notamment à l’occasion de trois armements de bâtiments neufs — dont deux comme commandant — mais encore au sein de la division Programmes de l’état-major de la Marine et actuellement comme président de la Commission permanente des programmes et des essais des bâtiments de la Flotte (CPPE).
Dans le passé, nos bâtiments de combat étaient construits dans une perspective presque exclusive de performances techniques, sans trop se soucier de coûts (pas ou peu de comparaisons avec l’extérieur, dans un régime monopolistique). Les coques et une majorité d’équipements étaient en général conçus et construits en régie dans les arsenaux, sur mesure et de façon quasi artisanale (1).
Depuis 1956, la plupart des moyens des services techniques et industriels étatiques ont été concentrés sur la conception puis la réalisation de la force nucléaire stratégique voulue par le général de Gaulle. Cela a conduit à des exploits techniques tout à fait remarquables, jusqu’aux dernières réalisations des SNLE de type Le Triomphant et du PA Charles-de-Gaulle. Pendant ce temps, la flotte de surface a été quelque peu délaissée par les ingénieurs et les marins, ce qui explique en partie le gap actuel avec la technologie maritime civile.
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