Le Groupe SNPE, créé en 1971 par la transformation des services étatiques des Poudres en société anonyme, a pour cœur de métier la chimie des matériaux énergétiques, des explosifs aux propergols en passant par tous les dispositifs pyrotechniques. La France fait ainsi partie des rares puissances maîtrisant la propulsion solide des missiles stratégiques et des lanceurs spatiaux. Cette capacité repose sur une culture de sécurité inégalée et sur la valeur scientifique du Centre de recherches du Bouchet. L’équilibre dual de SNPE (la réduction des budgets militaires après 1990 étant compensée par des marchés civils comme la sécurité automobile ou la chimie fine) a été brutalement remis en cause en 2001 par l’explosion à Toulouse de l’usine AZF et l’interdiction de la chimie du phosgène. L’avenir de la chimie stratégique, essentielle pour l’indépendance nationale et la construction européenne, passera par des redimensionnements et des rapprochements avec les principaux acteurs français et européens du secteur. À ce tournant d’une longue histoire commune, défense nationale et chimie stratégique doivent continuer de voguer de conserve.
Défense et illustration de la chimie stratégique française
A defence of France's strategic chemicals industry
Groupe SNPE was created in 1971 by converting the French State's ‘gunpowder’ departments into a public limited company. Its core business is the chemistry of energetic materials, including propellants, explosives and pyrotechnic devices. France is one of the few countries mastering solid propulsion for strategic missiles and launch vehicles, a capacity based on an unrivalled culture of safety and the scientific capabilities consolidated at the Le Bouchet Research Centre. The company's balanced portfolio of civil/military business (cuts in military spending in the 1990s were offset by civil markets such as automotive safety and fine chemicals) was imperilled by the sudden explosion on 21 September 2001 of the AZF plant in Toulouse, and the ensuing ban on phosgene production. The future of the French strategic chemicals industry, essential for national independence and the European project, will depend on restructurings and consolidation within France and Europe. At this critical juncture in a long shared history, the strategic chemicals industry and national defence must continue to ‘sail in company’.