« Sécurité et défense de l'UE - Textes fondamentaux 2005 »
L’Institut d’études de sécurité (IES), agence autonome de l’Union européenne depuis 2002, s’inscrit dans le développement de la PESD en publiant cet ouvrage de référence rassemblant les textes fondamentaux concernant l’action de l’Union en matière de sécurité et de défense pour l’année 2005 (1). Malgré une crise politique intérieure à l’Union européenne, cette dernière a connu un renouvellement dynamique de sa politique étrangère. Pour rendre compte de ce développement considérable, trois thèmes peuvent être dégagés : les outils, les opérations et la politique.
Un nouvel instrument a fait son apparition sur initiative du Conseil : le Collège européen de sécurité et de défense (CESD). Sa mission consiste à fournir une formation dans le domaine de la PESD au niveau stratégique afin de promouvoir une compréhension commune des questions de sécurité et de défense. Des cours de haut niveau et d’orientation sont organisés pour les ressortissants de tous les États membres et des pays en voie d’adhésion, les membres du personnel civil et militaire qui traitent de ces aspects, mais aussi les représentants d’ONG, d’universités, des médias et du monde des affaires. Un certain nombre d’efforts ont été également entrepris dans l’amélioration des capacités civiles de gestion de crises. Des États membres se sont déclarés prêts à répondre à ces besoins, y compris dans de nouveaux domaines comme le contrôle des frontières ou les délits sexuels et violents. Les ministres se sont en outre félicités de l’avancement des travaux sur de nouvelles capacités de police rapidement déployables.
Sur le plan opérationnel, l’Union européenne a diversifié dans un premier temps la géographie de ses interventions : parmi les six nouvelles opérations qui ont vu le jour l’an dernier, la moitié concerne pour la première fois l’Asie du Sud-Est et le Proche-Orient. En effet, l’Union a lancé une mission de surveillance à Aceh, en Indonésie, qui consiste à contrôler le processus de paix et à étendre son partenariat avec les pays d’Extrême-Orient. En ce qui concerne le monde arabe, l’Union, soucieuse de contribuer à faire progresser le processus de paix au Proche-Orient, a mis sur pied une mission d’une durée de trois ans pour l’instauration de dispositifs policiers durables et efficaces sous gestion palestinienne. Une action commune du Conseil a également établi une mission d’assistance à la frontière entre la bande de Gaza et l’Égypte, au point de pas sage de Rafah (lequel devait être placé sous responsabilité palestinienne à la fin de l’année dernière), afin de contribuer à son ouverture et d’instaurer la confiance entre Israël et l’Autorité palestinienne. Dans un second temps, l’Union européenne a renforcé ses partenariats de sécurité en aidant notamment l’UE à stabiliser la situation au Darfour à travers un soutien dans la planification, la logistique, la formation et l’observation aérienne.
En ce qui concerne la politique, l’année 2005 a tout d’abord été déterminante dans la réconciliation euro-américaine après la crise irakienne. Un certain nombre de déclarations et d’initiatives communes ont mis l’accent sur la coopération nécessaire entre l’Europe et les États-Unis en vue de promouvoir la paix et la démocratie dans le monde, de renforcer les mesures dans le domaine de la non-prolifération et de la lutte contre le terrorisme, ou encore de consolider l’intégration économique et la croissance transatlantiques. Ensuite, l’Union a poursuivi sa politique d’élargissement en approuvant, d’une part, un cadre de négociations avec la Turquie et en donnant, d’autre part, son feu vert à l’ouverture des discussions avec la Croatie, dès qu’elle a coopéré avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Enfin, les médiations, heureuses sur l’Ukraine et difficiles sur le dossier nucléaire iranien, ont également été déterminantes dans la politique de sécurité européenne. Le Conseil européen a salué l’élection du nouveau gouvernement démocratique ukrainien et s’est félicité des vastes réformes politiques et économiques qu’il entend mener dans le pays, ce qui ouvre la voie vers une coopération accrue avec l’UE. Cependant, le Conseil était gravement préoccupé par le fait que l’Iran n’affirme pas le caractère pacifique de son programme nucléaire, et précisait que l’Union continuera d’œuvrer en faveur d’une solution diplomatique.
Le bilan de 2005 en matière de stratégie européenne de sécurité se révèle donc positif et prometteur. Toutefois, comme le souligne Nicole Gnessotto, directeur de l’IES, dans la préface, « le chantier institutionnel reste une priorité » pour assurer une pérennité à la politique extérieure de l’Union européenne. ♦
(1) Ouvrage disponible sur le site Internet de l’IES : www.iss-eu.org.