La Gendarmerie a donné lieu, au cours des dernières années, à la parution de plusieurs « beaux livres » qui s’attachent, avec une profusion de photographies et une modicité de textes, à mettre en scène diverses facettes de l’action du gendarme, notamment lorsqu’il opère avec les tenues et équipements du GIGN. Aussi, ce type de livres ne satisfait d’ordinaire que modérément la curiosité de l’observateur soucieux de saisir les rouages de cette institution atypique.

Ce constat ne s’applique pas au récent ouvrage consacré à l’École des officiers de la Gendarmerie nationale (EOGN), publié à l’occasion du 60^e anniversaire de son installation à Melun. Le Sabre & le taconnet apparaît, en effet, comme un document pertinent, un témoignage précieux, par-delà sa fonction de promotion de l’image (nécessaire) en termes de relations publiques et de recrutement. En effet, la richesse de l’iconographie, qui illustre le cheminement de l’école depuis 1945 et les étapes de la formation actuelle de l’officier, s’accompagne de nombreuses données historiques, institutionnelles, voire ethnographiques.

Chargée d’une mission d’acculturation et de socialisation professionnelle, l’EOGN remplit la délicate tâche de transformer en officier de gendarmerie – à la faveur d’une formation à la fois commune et différenciée s’étalant sur une ou deux années – le saint-cyrien, le capitaine de l’Armée de terre, le « maîtrisard » et l’ancien sous-officier. Il s’agit de prodiguer des enseignements théoriques et pratiques à même de permettre au lieutenant sortant de l’EOGN de commander un peloton de gendarmerie mobile, une communauté de brigades ou une unité de recherches. Plus fondamentalement, l’EOGN « fabrique » des officiers, c’est-à-dire non seulement des cadres spécialisés, mais aussi des chefs militaires capables de commander des hommes, d’assumer des responsabilités, de faire preuve d’exemplarité.

Aussi, la formation a-t-elle pour ambition de pénétrer dans le cœur et l’esprit de l’individu, afin de susciter son adhésion consciente à des valeurs de service public et à une identité professionnelle empreinte de militarité. Le Sabre & le taconnet présente, à cet égard, les diverses phases du parcours initiatique proposé durant la scolarité à Melun, recourant au cérémonial et à la tradition pour ainsi façonner ce savoir-être singulier, notamment les remises des taconnets et des sabres, les galas et les « perches » ou encore le défilé du 14 Juillet.

Au final, ce livre propose au lecteur une véritable plongée dans l’antre de ce creuset de la gendarmerie qu’est l’EOGN, et ce dans une période charnière pour cette grande école de la fonction publique. ♦