Après avoir montré les origines intellectuelles d’une vogue, tenant au positivisme du XIXe siècle puis au relativisme de la fin du XXe, l’auteur note que le mot ethnie ne reçoit pas de définition unanimement partagée, et que cette imprécision est à la source de sa popularité. Ayant critiqué l’usage radical du critère linguistique proposé par le courant de l’ethnisme, l’article permet de s’apercevoir que l’ethnie, expliquant tout, n’explique rien, et surtout pas les données politiques d’une situation. Elle est un élément dangereux du discours plus qu’une réalité objective, et elle rend le même service qu’un mot passe-partout autrefois très courant et aujourd’hui quasiment disparu : la classe sociale.
L'ethnie, ou les faux-semblants d'un mot
Ethnicity, or the false appearance of a word
After an account of the intellectual origins of a fashion, derived from nineteenth century positivism, and then of late twentieth century relativism, the author notes that there is no general agreement on the definition of the word ‘ethnicity’, and that this loose terminology accounts for its popularity. After criticising the radical application of the linguistic criteria proffered by the fashionable ‘ethnic’ movement, this article suggests that ethnicity, while explaining everything, explains nothing, least of all the political facts of a given situation. It is more a dangerous figure of speech than an expression of objective reality, and it is no more useful than that other formerly cover-all buzz-word, now practically defunct: social class.