Introduction to NATO feature
Defense Nationale is devoting two issues per year to Europe as a defence entity, which represents one of the cornerstones of French defence policy. It is true that this engagement is not the only one, and that the highest-level civil and military authorities regularly cite France’s place within NATO. The Alliance and the European Union are not mutually exclusive, as has been well analysed by André Dumoulin.1 Neither does this mean that they must move towards fusion, or indeed confusion.
In fact, France takes a pragmatic approach in both institutions. This pragmatism obviously contrasts with the dogmatism attributed to the ‘Great Nation’, to use the ironic term employed by the Germans. Whether it is a question of operations, the NATO Response Force (NRF) or interoperability, there are many occasions when France adopts and supports Alliance positions. The Alliance is a formidable proving ground for common procedures that enable armies to develop. The coming certification of the French Rapid Reaction Corps (CRRFR) is the best example of this.
This does not mean, however, that France agrees with everything: in NATO, as in other international organisations, consensus rules. And although 95 per cent of French suggestions are adopted by NATO, primarily because they improve its texts, 5 per cent are the subject of vigorous debate, and even disagreement.
It therefore makes sense that once a year Defense Nationale devotes a feature to NATO. This will shed light on what is happening there, identify the real issues and permit an understanding of each other’s positions. It will involve steering between two pitfalls. The first is systematic and doctrinaire opposition, to which France restricted itself for many years. Those days ended following developments within NATO in 1996 and 2003, and our country now enjoys smoother relations with the organisation. This does not mean abandoning every position, which is the other trap into which some are liable to fail: impressed by NATO’s efficiency and wishing to improve a reputation as the eternal opponent, they compromise to show that they are ‘good pupils’. We must continue to defend national positions, something our partners have no hesitation in doing. Finally, we must avoid paranoia, such as the Stockholm syndrome: it is the intent of these articles to help in this.
This first feature is published ahead of the Riga summit, which will be the subject of a later article. It sums up the role of the organisation in Europe and the world. Barthélemy Courmont begins by recalling how France sees the link between NATO and the European defence entity, especially concerning the fight against terrorism. This key question is at the heart of future transatlantic relations. Olivier Kempf then covers NATO operations in 2006 and suggests why the future of the Alliance is at stake in what is happening on the ground. Finally, Jean Dufourcq and Peter Faber explain current points of view on each side of the Atlantic, and assess where they most closely coincide. This plea in favour of renewed dialogue points out roads to improvement, some of which may well provoke argument. At least this will serve to fuel debate on the eve of an important summit.
1 ‘France and NATO: between political distrust and doctrinal rapprochement’, Defense Nationale, May 2006.
La revue Défense nationale et sécurité collective consacre deux numéros par an à l’Europe de la défense, ce qui traduit un des fondements de la politique de défense de la France. Il reste que cet engagement n’est pas unique, et que les plus hautes autorités civiles et militaires rappellent régulièrement la place de la France dans l’Otan : l’Alliance et l’Union européenne ne sont pas exclusives l’une de l’autre, ainsi que l’a bien expliqué André Dumoulin (1). Cela ne veut pas dire non plus qu’il faille aller vers une fusion, voire une confusion.
La France agit en fait selon une démarche pragmatique, dans l’une comme dans l’autre institution. Ce pragmatisme contraste évidemment avec le dogmatisme qui était prêté à la « grande nation », selon le mot ironique des Allemands. Qu’il s’agisse des opérations, de la NRF ou de l’interopérabilité, les dossiers sont nombreux où la France épouse et soutient les positions de l’Alliance. Celle-ci est en effet un formidable laboratoire de procédures communes qui permettent la progression des armées : la certification à venir du Corps de réaction rapide-France (CRR-Fr) en est le meilleur exemple.
Cela ne veut pas dire pour autant que la France est d’accord sur tout : à l’Otan comme dans les autres organisations internationales, le consensus prévaut. Et si 95 % des remarques françaises sont adoptées par l’Otan, d’abord parce qu’elles améliorent les textes, 5 % font l’objet de débats très vigoureux, voire heurtés.
Il paraît donc utile que DN & SC consacre, une fois l’an, un dossier à l’Otan : cela permettra de mieux connaître ce qui s’y passe, d’identifier les vrais enjeux, de comprendre les positions des uns et des autres. Il s’agira de naviguer entre deux écueils : une opposition systématique et doctrinaire, qui était celle sur laquelle la France s’est cantonnée de longues années : ce temps est révolu depuis les évolutions de 1996 puis de 2003, et notre pays affiche maintenant une relation apaisée avec l’organisation. Cet apaisement ne signifie pas non plus de tout abandonner, ce qui est l’autre risque dans lequel certains tombent parfois : impressionnés par l’efficacité de l’Otan, voulant bonifier une réputation d’éternel opposant, ils transigent pour montrer qu’ils sont de « bons élèves ». On doit continuer de défendre les positions nationales, ce que nos partenaires n’hésitent pas à faire. Finalement, il faut éviter la paranoïa comme le syndrome de Stockholm : c’est l’ambition de ces dossiers que d’y aider.
Ce premier opus paraît avant le Sommet de Riga (qui sera l’occasion d’un article à paraître ultérieurement). Il permettra de faire le point du rôle de l’organisation en Europe et dans le monde. Ainsi, Barthélemy Courmont commencera par rappeler comment la France conçoit l’articulation entre l’Otan et l’Europe de la défense, notamment en matière de lutte contre le terrorisme : cette question-clef est au cœur de l’avenir de la relation transatlantique. Olivier Kempf évoquera les opérations de l’Otan en 2006 et pourquoi ce qui se passe sur le terrain engage l’avenir de l’Alliance. Enfin, l’amiral Jean Dufourcq dialoguera avec Peter Faber afin de comprendre les points de vue qui existent des deux côtés de l’Atlantique, et d’apprécier à quels points ils sont finalement assez proches. Ce plaidoyer en faveur d’un dialogue renouvelé évoque des voies d’amélioration, dont certaines risquent d’ailleurs de susciter la polémique. Au moins cela permettra de féconder le débat, à l’aube d’un sommet important. ♦
(1) « La France et l’Otan, entre méfiance politique et rapprochement doctrinal », DN & SC, mai 2006.