Face à une crise de l’eau annoncée, et à son corollaire trop souvent évoqué, les guerres de l’eau du XXIe siècle, les solutions de la gestion intégrée paraissent parfois de faible poids en regard de l’ampleur des difficultés à résoudre, ne serait-ce qu’à cause des difficultés de mise en œuvre de solutions concertées entre de multiples pays aux intérêts divergents. Gérer, à l’échelle d’un bassin versant, les besoins de plusieurs pays, et, dans chaque pays, de plusieurs secteurs souvent concurrents, n’est pas une mince entreprise, surtout si une méfiance durable s’est installée entre les différents gouvernements. Avec l’avènement des technologies modernes de génie civil, la possibilité de détourner de très importants volumes d’eau, dans une optique « fordienne » du triomphe de l’ingénierie, a réactualisé la possibilité de transférer, sur de grandes distances, une eau qui s’écoule loin des centres de consommation.
Transferts massifs d'eau : un essai de typologie
Large-scale water transfers: an attempt at a classification
In the face of predicted water shortages and their rather over-hyped corollary–twenty-first century wars over water resources–the solutions of integrated management sometimes seem outweighed by the size of the difficulties to be overcome, if only because of the problems of putting into practice solutions which must be agreed between a number of countries with varied interests. Managing the needs of several countries, and often of several competing sectors in each one, on the scale of a catchment area, is no small undertaking, especially if there is a history of mistrust between the different governments. Modern civil engineering techniques prompt a fresh look at the possibility of diverting very large volumes of water originating far from centres of consumption over great distances.