Algérie, Maghreb. Le pari méditerranéen
Algérie, Maghreb. Le pari méditerranéen
2003 marquait l’année de l’Algérie en France. 2005, le 10e anniversaire du Processus euroméditerranéen dit de Barcelone, tandis que 2006 semblait confirmer un net refroidissement des relations diplomatiques entre Paris et Alger.
C’est un peu de tout cela dont il est question dans cet ouvrage, qui reprend les débats d’un colloque tenu à l’Institut du monde arabe, au cours duquel la relation historique, culturelle, économique tout autant que passionnelle unissant les deux rives de la Méditerranée, en particulier dans sa dimension maghrébine, a été auscultée.
Relation stratégique majeure, que justifie le positionnement recherché par l’Algérie qui ambitionne de se faire reconnaître comme pivot géopolitique de l’aire de la Méditerranée occidentale.
Cette spécificité volontairement distinguée de l’approche communément vantée de l’unité du bassin méditerranéen est marquée notamment par une relation Nord-Sud exigeante impliquant ainsi plus particulièrement les pays de l’Arc latin (Italie, Espagne et France) et les trois États du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie).
Méditerranée occidentale qui peine cependant à s’organiser de manière horizontale et dans une démarche multilatérale, compte tenu de relations de voisinages fluctuantes et pesant, hélas ! durablement sur l’unité pérenne du Sud ; ce qui explique bien des atermoiements à concrétiser l’intégration régionale et transnationale, rendue pourtant nécessaire par une mondialisation déboussolée, prompte à gommer cette « universalité du régional », comme le rappelle l’universitaire Nourredine Abdi qui coordonne cet ouvrage.
L’échec patent de l’Union du monde arabe (UMA), pourtant lancée en grande pompe à Marrakech en février 1989 est là pour témoigner des obstacles à créer cet indispensable « marché commun du Levant ».
C’est ainsi dans cette démarche résolument volontariste que les auteurs de cet ouvrage se situent, appelant de leurs vœux une prise en compte urgente de la dimension méridionale de la construction européenne, compte tenu de son importance stratégique.
L’actualité des dernières semaines rend urgente, en effet, une gestion concertée des principaux dossiers qui enveniment durablement la relation euro-maghrébine, en premier lieu desquels celui de l’immigration clandestine.
Cet ouvrage se veut ainsi un vibrant plaidoyer pour cette relation à mieux équilibrer, qui doit être basée sur la notion de co-développement, gage d’une histoire partagée et assumée de part et d’autre de cette Mare Nostrum vantée par Brau del, qui unit plus qu’elle ne nous divise.
Plus qu’une évocation de cette communauté d’intérêts de part et d’autres des rivages de la mer Méditerranée, il est ici question de la mise en valeur d’une civilisation commune et sa nécessaire assimilation selon que l’on se situe à Alger ou à Paris et a fortiori à Bruxelles…
Comme il est rappelé, au fil des pages, à force de ne pas voir les maux qui nous menacent collectivement, la démocratie risque de s’échouer définitivement sur les rives de la Méditerranée qui pourtant l’a vue naître. ♦