Esquisse d'une stratégie mondiale (I) Guerre et bombe atomique
« La guerre de nations entières, et spécialement de nations civilisées, naît toujours d’une situation politique et n’est déterminée que par un motif politique : elle constitue donc un acte politique ». Ainsi s’exprime Clausewitz au livre premier de son immortel ouvrage. Et il ajoute aussitôt : « la guerre n’est qu’une continuation de la politique avec d’autres moyens : le dessein politique est le but, la guerre est le moyen et un moyen sans but ne se conçoit pas ».
Il est nécessaire, avant de pousser plus loin, de scruter profondément cette pensée si généralement admise et de rechercher quelles sont les raisons profondes qui amènent les conflits entre les peuples. On a tout de suite le sentiment que ce ne sont pas toujours des raisons politiques, et Clausewitz l’a bien senti aussi, qui déclare : « La lutte repose sur deux éléments différents qui sont le sentiment hostile et l’intention hostile ». Pour parler plus clairement, nous dirons ici qu’il y a deux grandes sortes de conflits, et qu’en dehors des conflits « politiques » de Clausewitz, il y a une deuxième catégorie de guerres, beaucoup plus dangereuses d’ailleurs : les guerres idéologiques.
Les conflits purement politiques sont de diverses sortes. Ils peuvent concerner, par exemple, la succession au trône d’Espagne, ou la liberté de la navigation dans la mer Noire. Ils englobent toute une série de problèmes qui peuvent être économiques, démographiques et parfois même raciaux, mais ils ont un caractère commun, c’est qu’ils ne sont pas métaphysiques. Ils peuvent donc facilement se limiter aux groupes humains dont l’intérêt seul est en jeu dans l’affaire. Certes, avec l’interdépendance des nations, cette notion a singulièrement perdu de sa valeur. Mais enfin la querelle du Chaco peut se régler sans la participation de la Belgique, et celle des Détroits n’intéresse pas encore le Chili.
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