Les religions meurtrières
Les religions meurtrières
Avant d’avoir été un diplomate unanimement reconnu pour ses talents de médiation et de négociation, dans un contexte particulièrement difficile (il fut ambassadeur d’Israël en France au moment de la deuxième Intifada), Élie Barnavi est avant tout un universitaire, professeur d’histoire de l’Occident moderne, de renom.
Cet essai court et percutant tente d’expliquer aux lecteurs les ressorts de l’émergence au niveau planétaire d’un phénomène qualifié par l’auteur de « fondamentalisme révolutionnaire ». Celui qui préside désormais à la destinée du Musée de l’Europe, devant ouvrir ses portes en 2007 à Bruxelles, expose avec brio et simplicité, le lien complexe, et souvent instrumentalisé pour le pire, entre religion et politique.
Décliné à travers neuf thèses très argumentées, cet ouvrage permet ainsi de se faire une idée précise du phénomène qui touche toutes les religions monothéistes, sans exception. La lecture de ces thèses qui tentent d’expliquer pourquoi et comment ces formes d’obscurantisme (messianisme chrétien, islamisme, fondamentalisme révolutionnaire juif…) sont des voies sans issues, légitime dans le même temps la récusation de la conflictualité qu’elles portent en elles.
Élie Barnavi se fait pourtant volontiers pamphlétaire lorsqu’il porte sur le « dialogue des civilisations » un regard sans complaisance. Saurait-il y avoir, en effet, entre la civilisation et la barbarie, un dialogue possible ? Comment dialoguer avec ceux qui ont comme dénominateur commun le fait de prôner la destruction de l’autre ? Comment construire l’avenir quand on se réfère le plus souvent aux errements du passé ?
Hymne à l’humanisme, à la laïcité et à la portée universelle du discours de la Raison, dans les relations internationales comme au niveau de la coexistence pacifique entre les hommes et les femmes à travers le monde, souvent déboussolés par la mollesse et l’impasse des réponses apportés, cet ouvrage est à mettre entre toutes les mains et notamment celles de ceux qui continuent d’attiser les braises de la haine et de prêcher la culture de la mort (1). ♦
(1) NDLR. Cet ouvrage a déjà été évoqué dans Défense nationale et sécurité collective de février 2007, rubrique « Parmi les livres », par François Goguenheim : « Face à l’islamisme, la défaite des démocraties est-elle inéluctable ? » ; article qui fait l’objet du débat « Libre opinion » dans ce numéro.