Les États-Unis et la Chine : une politique sentimentale
1940 : la guerre que le Japon menait en Chine durait depuis trois années. La plupart des Américains s’en souciaient peu. Mais le président Roosevelt et ses conseillers avaient compris où l’on allait ; que, bientôt, il faudrait en découdre et trouver des appuis contre le Japon. Après les désastres européens, celui de Pearl Harbor dessilla tous les yeux. Alors le prêt-bail, mis à la disposition du gouvernement national chinois ; alors l’aide américaine promise à « la démocratie chinoise », se solidifièrent ; jusqu’au jour où, pour les besoins de la situation générale et la commodité du langage, la Chine fut promue « quatrième grande Puissance ». La formule n’était pas employée au Caire (1943), mais les décisions prises préparaient son application.
Vainqueurs du Japon, les Américains ne réussirent pas à réduire les divisions entre Chinois. Ils n’éteignirent pas, ils attisèrent, au contraire, sans le vouloir, les brandons de la guerre civile. Ces échecs dont les conséquences demeurent incalculables ; l’intervention, évidente à dater de 1941, des États-Unis dans les affaires intérieures chinoises, malgré les allusions constantes à la doctrine de non-intervention, nous valent une manière de disculpation, sous la forme du Livre Blanc qu’a publié, en août 1949, le Département d’État : plus de mille pages qui nous informent des « Relations des États-Unis avec la Chine, spécialement dans la période 1945-1949 » (1).
Plus de mille pages et une douzaine de noms seulement : ceux des principaux signataires au bas des documents. Du côté américain, les présidents Roosevelt et Truman, le secrétaire d’État Acheson, les généraux Stilwell, Marshall, Wedemeyer, Barr, les ambassadeurs Hurley et Leighton-Stuart. Du côté chinois : Chiang Kai-shek, Hou Che ; Mao Tso toung. Sans préjudice de ces entités : le « Service « (nous dirions « le Quai », ou Quai d’Orsay) ; le Kouo-min tang, ou parti nationaliste ; et l’autre « Parti », celui des « Communistes chinois (les Rouges) ».
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