Réflexions sur l'insularité
À la suite des réunions plénières qui réunirent les Ministres et les Chefs d’État-Major responsables de la stratégie militaire du Pacte Atlantique (Paris 29 et 30 novembre 1949), l’hémisphère occidental reçut la réconfortante, mais laconique, assurance que ces hommes avaient abouti à un accord complet sur le Plan général de Défense. Devant cet hermétisme fort justifié, il n’est sans doute pas interdit au commun des mortels de se demander dans quel sens furent tranchés, au cours de ces brèves séances, tel ou tel des grands problèmes dont son sort risque de dépendre. Pour un Européen Occidental, l’alpha et l’oméga de ces angoissantes questions est le point de savoir s’il sera envahi (temporairement, bien entendu !) ou non.
Sans doute a-t-il reçu, plus tôt dans l’année, la satisfaisante affirmation du général Bradley que l’Europe ne serait pas abandonnée. Et comme le général Bradley présidait la réunion des Chefs d’État-Major, en majorité continentaux, on est en droit de penser que l’unanimité fut faite sur cette formule. Mais où sera endigué le prochain flot oriental, au cas où (comme d’autres avant lui) il tenterait résolument de rejoindre la mer ? C’est ici qu’évidemment chaque nation doit avoir son vœu personnel, facile à deviner…
Parmi cette diversité de tendances, disons sans ambages qu’il en est une qui nous préoccupe sérieusement : c’est la conception traditionnelle, chère à nos amis d’outre-Manche, du grand avantage stratégique conféré à leur pays par sa situation insulaire. Sans vouloir les chagriner, nous voudrions exposer brièvement quelques réflexions critiques à l’égard de cette idée. Et si elle s’en trouve quelque peu ébranlée, nous essaierons d’en exposer une autre, peut-être aussi satisfaisante pour le moral, et davantage pour l’esprit.
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