La plupart des historiens de Paris ne se posent pas le problème de l’élévation de Paris au rang de capitale. Il semble que, pour eux, Paris était prédestiné de toute éternité à devenir capitale de la France et qu’en le devenant il réalisait simplement une destinée qu’il portait en son germe dès son origine. Quand un empereur romain, un roi mérovingien ou capétien choisissent Paris pour résidence, on dirait qu’ils lui rendent seulement l’honneur qui lui est dû.

Or qu’est Lutèce quand elle apparaît dans l’histoire ? César la décrit en peu de mots : « Située dans une île de la Seine. » C’est la ville forte, l’oppidum, des Parisii, qui n’étaient pas un des peuples les plus importants de la Gaule. Lorsqu’ils décident de s’opposer à la marche de Labenius en 52, ils ne trouvent même pas dans leurs rangs un chef qu’ils puissent mettre à leur tête : ils font venir de Normandie l’Aulerque Camulogène. Plus tard le contingent que les Parisii fournissent à l’armée de secours qui a pour mission de débloquer Alésia, s’élève à 8.000 hommes. Des peuples puissants, les Héduens, les Arvernes, en envoient 25.000. Les Parisii sont un peuple d’importance moyenne, liés aux Senons (région de Sens) par une vieille alliance assez lâche.

Ils n’ont pas davantage de prédominance religieuse. Si la Gaule indépendante connaissait une primauté de cet ordre, elle appartenait aux Carnutes (région d’Orléans et de Chartres) dont le territoire, considéré comme le centre géographique de la Gaule, abritait les assemblées annuelles des Druides.