Mourir pour l'Afghanistan
Mourir pour l'Afghanistan
Le livre de Jean-Dominique Merchet, journaliste à Libération et animateur de son blog « Secret Défense » mérite notre attention à plus d’un titre. Il est d’abord rassurant sur sa capacité, hélas bien rare, de ne pas nous engluer dans le pathos éthico-philosophique auquel semble abonnés une large partie des « observateurs et autres conseillers en stratégie » de tout plumage.
Il l’est aussi par la démonstration que l’on peut travailler dans une presse peu soupçonnable de militarisme congénital sans pour autant se départir d’un strict devoir d’honnêteté élémentaire.
Il l’est enfin par la qualité de son analyse du contexte afghan et des modes opératoires de nos forces dans le théâtre.
Après avoir fait une relation assez précise de l’embuscade d’Uzbin, et rendu un hommage sans ambiguïté au courage sous le feu de nos garçons, Jean-Dominique Merchet s’attache sur quelque 180 pages à faire trois démonstrations.
Nos armées et spécialement l’Armée de terre sont malades de la pauvreté et du fatras des machins internationaux.
Les expériences et les résultats obtenus par l’Armée rouge en Afghanistan méritent beaucoup mieux que l’oubli, le dédain ou l’ironie dans lesquels les tiennent les études et opinions sommaires de l’Occident.
Notre guerre en Afghanistan n’a aucune justification. Elle ne peut être gagnée militairement. L’histoire de ce pays depuis les guerres coloniales du XIXe siècle en fait foi. Il faut partir.
On peut ne pas partager les points de vue de l’auteur, auquel on pardonnera d’ailleurs quelques lignes iréniques sur la sainteté naturelle de la Presse. On ne peut pas lui contester une bonne connaissance de son sujet, et quelques vérités salutaires. ♦