Le débarquement de Provence
Le débarquement de Provence
Il sera impossible, maintenant, d’écrire un ouvrage sur le débarquement du 15 août 1944, même pour un large public, sans faire référence à ce colloque tenu en 2004. Ses actes, écrits en petits caractères dans un volume épais, sont excellents, et dans plusieurs cas, remarquables.
Même s’il connaît peu le sujet, le lecteur découvrira les interactions entre la politique, la stratégie et la logistique, fondements de l’histoire militaire. La première partie, « Stratégies en Méditerranée », fait le point détaillé sur les raisons et les discussions qui ont précédé cette action considérable. Même en connaissant ces dernières, les trois premiers textes présentés – « Genèse de l’opération Anvil-Dragoon », « Les stratégies italiennes et allemandes en Méditerranée », « Dragoon, de Gaulle et les Américains » sont vraiment incontournables. Les autres interventions, sur des sujets d’ensemble ou particuliers, en particulier sur l’Italie, ou les réactions allemandes, apportent énormément, non seulement à la connaissance de cette opération, mais aussi aux situations géographiques et politiques de l’environnement.
Les artilleurs apprécieront certainement « L’artillerie de campagne française d’août à décembre 1944 ou le poids des obus dans la bataille » du lieutenant-colonel Aubagnac, conservateur du Musée de l’Artillerie. Il est rare de voir exposer aussi clairement l’importance et la difficulté d’approvisionner l’artillerie en obus, l’arme de l’artilleur, dans une bataille de grande envergure. Il est très regrettable que les très hauts décideurs d’aujourd’hui méprisent, ou ignorent, l’Histoire, et veulent faire croire que les changements, réels, qui interviennent avec les progrès techniques, font table rase du passé et de principes séculaires. D’autre part, compter sur d’anciens militaires trouvés au bord du Rhône semble bien aventuré, ce détail étant tiré de la lecture de l’intervention du commandant de Labareyre, qui suit la précédente.
L’exposé sur les mouvements de résistance à Nice, vaut la peine d’être lu. Il ne surprendra que ceux qui ont une « idée officielle » de l’histoire des mouvements de résistance ou se prétendant tels, surtout quand la libération a déjà eu lieu. L’intervention, courte, sur la Mémoire des débarquements de 1944 d’Éric Deroo – Provence et Normandie, mythes et occultation – est également fort instructive, et surtout donne des explications quelque peu politiquement incorrectes, et donc désagréables pour ceux qui n’apprécient guère la remise en cause des idées toutes faites.
Cet ouvrage, stimulant, est fortement recommandé à tous, historiens ou non. ♦