La Cyberguerre - La guerre numérique a commencé
Alors que le président Barack Obama, juste avant l’été, a fait officiellement de la cyber-sécurité un des axes majeurs de la souveraineté future des États-Unis, le dernier ouvrage de Nicolas Arpagian vient à point nommé pour porter le débat de ce côté-ci de l’Atlantique.
Fort de son profil atypique, le rédacteur en chef de la revue Prospective Stratégique qui exerce également depuis plusieurs années à l’École militaire comme coordonnateur des enseignements « Stratégies d’influence & Lobbying » à l’IERSE s’essaye à dresser un panorama des enjeux de sécurité que revêtent l’Internet, et de façon plus générale les technologies de l’information et de la communication, tant pour l’État et ses différentes composantes civiles et militaires, que pour le tissu économique national. Une approche qui fait dire au criminologue Alain Bauer dans sa préface qu’il s’agit « du livre à lire pour comprendre l’actualité à venir ». Ancien auditeur de l’INHES et de l’IHEDN, Nicolas Arpagian réussit un pari osé avec cet ouvrage, rendre lisibles les questions stratégiques qui sous-tendent l’avenir du réseau des réseaux. Qu’il s’agisse de la gouvernance, de la pérennité du principe de neutralité de l’Internet ou des opportunités offensives que permet ce maillage mondial. Enquêtant au-delà du territoire national, avec notamment des incursions sur les politiques états-uniennes, chinoises ou russes en matière de cybersécurité, il nous livre les réponses proposées par les gouvernements, les consortiums économiques et autres groupes d’intérêt dans cette guerre numérique qui se concrétise chaque jour un peu plus.
Nicolas Arpagian implique le lecteur par un exposé clair de l’histoire qui se déroule sous ses yeux et dont il est acteur à part entière : celle du Web 2.0. Mais l’auteur va bien au-delà en montrant que le « cyberespace » est aujourd’hui le théâtre d’opérations de déstabilisation, à l’initiative d’États, de multinationales, de collectifs de tous bords comme de militants isolés.
Révélateurs de pouvoir et démonstrateurs de puissance, les prouesses technologiques et les moyens mis en œuvre pour en disposer sont autant d’instruments stratégiques de défense et d’attaque décryptés utilement dans cet ouvrage. Sans jamais verser dans l’« utopie technicienne », qui ferait porter aux seules technologies l’espoir et la responsabilité de notre sécurité future, Nicolas Arpagian réaffirme au contraire l’idée selon laquelle l’homme reste au cœur de la performance sécuritaire, même en ce qui concerne ces mondes numériques.
Une analyse salutaire pleine de finesse qui permet de mieux appréhender ce qui constituera demain notre cadre de vie. ♦