Les projections démographiques des trente prochaines années annoncent des changements importants : hausse progressive puis palier de la population de la planète, vieillissement général, modification du poids relatif des continents, etc. Ces évolutions associées aux multiples changements connexes (économiques, politiques, climatiques, etc.) démultiplient les risques de tensions et de crises, notamment dans les régions les plus concernées comme l’Afrique subsaharienne ou la Sibérie. La France dans son engagement au service de la paix et de la sécurité internationale et dans son souci de préservation de ses intérêts et de ceux de l’Europe est directement concernée par l’analyse de la révolution démographique en cours et par ses conséquences géostratégiques.
Démographie et stratégie au XXIe siècle
À l’échéance 2050, la planète devrait atteindre un plateau démographique à hauteur de 8 ou 9 milliards d’habitants. La répartition de la population mondiale rencontrera alors de profondes modifications : l’Europe — incluant dans les prévisions la Russie — passera de 8 % à 4,5 % alors que les États-Unis stabiliseront leur population après une légère hausse à 4,7 % contre 4,5 % aujourd’hui. L’Asie dominera malgré une relative baisse, passant de 60 à 55 %. Alors que l’Afrique, demeurant le continent en expansion, gagnera plus de 8 points pour atteindre 22 %, grâce à un indice de fécondité de 4,67 enfants par femme, à rapporter à celui de 1,40 pour l’Europe.
La transition démographique semble désormais un phénomène universel irréversible. D’ici 2050, hormis le cas de l’Europe, sur la base des tendances actuelles, les indices de fécondité devraient tous se stabiliser à 2 enfants par femme. Le Maghreb ou encore l’Iran ont atteint, en l’espace de quinze à trente ans, un indice proche de cette moyenne. Mais le décalage persiste encore aujourd’hui avec l’Afrique Subsaharienne (environ 6 enfants par femme, en légère baisse).
Identifier les différentes variables qui, liées aux évolutions démographiques, peuvent nourrir des mouvements conflictuels, a été l’un des enjeux majeurs de la réflexion conduite par une équipe d’experts rassemblés par le Cerem, à l’École militaire, au cours de l’année universitaire 2008-2009. Leurs travaux rassemblés ici ont analysé l’impact stratégique de trois des principaux phénomènes observés : les pressions sur les ressources naturelles, les migrations et l’urbanisation croissante.
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