Lors de la « Semaine de la pensée stratégique », l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem) a organisé sa première journée d’études le 6 octobre 2009 au cours de laquelle sont intervenus le ministre de la Défense, M. Hervé Morin, et le chef d’état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin. Officiellement créé au 1er janvier 2010, l’Irsem a ainsi engagé son activité académique dès l’automne 2009 en focalisant le débat sur les nouveaux défis de la pensée stratégique.
Nouveaux défis à la pensée stratégique
Regroupant une quinzaine d’intervenants français et étrangers aux fonctions diverses (militaires, diplomates, universitaires), la journée d’études de l’Irsem (1) a permis de mettre en relief certaines spécificités de la France tant du point de vue de sa présence et de son action internationales en matière stratégique que dans le domaine de l’analyse. Quand bien même de nouvelles contraintes financières et environnementales pèsent sur elle, les participants ont identifié des avantages comparatifs de la recherche française ainsi que différents champs d’investigation qui méritent développement et approfondissement.
Cette dynamique s’est prolongée le lendemain par les « Confluences de l’Irsem » : une première consultation des interlocuteurs avec lesquels les anciens centres qui rejoignent l’Irsem aujourd’hui ont tissé des relations (CEHD, CHEAr, C2SD, Cerem). Quatre table-ronde (2) ont été conduites pour informer le monde de la recherche et de l’industrie sur ses modalités de travail et ses programmes de recherche.
Quels buts, quelles priorités pour la pensée stratégique ?
Les invités de cette table-ronde du 6 octobre ont précisé les priorités sur lesquelles la pensée stratégique actuelle doit se concentrer. Théodor Winckle (3) a commencé par dresser un panorama des menaces globales actuelles. Il rappelle que la menace classique d’un affrontement opposant deux États dans le cadre d’un conflit de haute intensité n’a pas disparu, mais qu’elle est devenue exceptionnelle. C’est autour de nouvelles menaces complexes et interconnectées, souvent internes aux États, que nos politiques de défense doivent à présent s’articuler soutient-il. Parmi elles, Theodor Winkler cite la criminalité internationale organisée, les trafics de stupéfiants ou d’êtres humains, la prolifération d’armes, la radicalisation des sociétés, le terrorisme ou encore la violence urbaine. Du fait de l’interdépendance des sociétés, ces dernières deviennent de plus en plus vulnérables à ces menaces qui se globalisent et qui s’ajoutent à des problèmes proprement transnationaux (changement climatique, déséquilibres démographiques, pandémies, crises économiques mondiales, etc.). Ces phénomènes étendent leur onde de choc jusqu’aux individus dont les capacités émotionnelles sont trop limitées pour absorber des changements aussi rapides. Les organisations internationales telles que l’ONU et l’Otan peinent à garantir la sécurité face à ces changements tandis que l’UE n’est pas suffisamment outillée pour le faire. Face à l’absence de solution globale, l’État a donc un rôle à jouer. Fort de ce constat, Theodor Winkler prône une appréhension globale de la sécurité, à la fois affranchie des approches disciplinaires uniques, du clivage traditionnel intérieur-extérieur, mais aussi promotrice d’une coopération civilo-militaire et d’une plus étroite collaboration entre forces de sécurité de toutes origines.
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