Alors que Wall Street est à nouveau gagné par l’euphorie et les profits géants, la dimension criminelle de la crise des subprimes est désormais plus qu’un questionnement : une réalité. Et, depuis, d’autres crises financières suspectes ont éclos, mais dans une relative indifférence. À l’avenir, le décèlement de la criminalisation des marchés devra constituer une préoccupation majeure afin d’assurer la stabilité et la sécurité des nations développées.
Crises financières : la dimension criminelle, un an après
En décembre 2008, dans cette revue, nous avions tenté de mettre en relief « la dimension criminelle des crises financières » (1), un sujet largement ignoré, jusque-là, de la criminologie et des sciences économiques, mais qui prenait une certaine consistance avec la crise des subprimes. Si ce champ d’étude est toujours aussi peu exploré, en revanche les faits liés à cette crise semblent nous avoir donné raison. Sans compter que, depuis, d’autres crises financières à substance criminelle, certes de moindre intensité, sont venues étayer cette thèse.
Subprimes ou subcrimes ?
L’industrie financière américaine fut-elle une vaste « scène de crime » ?
Les terrains politiques et économiques de la crise des subprimes sont connus et désormais jalonnés. Le plan de sauvetage (bailout) a été voté par le Congrès et la Réserve fédérale le met en œuvre. Cependant, parallèlement et sans que l’on en fasse moins cas, les enquêtes judiciaires — civiles ou criminelles — se sont multipliées, révélant comment la longue et opaque « chaîne financière » — de l’emprunteur de base jusqu’à Wall Street — fut, de facto, une « chaîne alimentaire » pour toute une série de prédateurs. À l’analyse, trois séries de fraudes ont émergé.
Il reste 90 % de l'article à lire
Plan de l'article