Les bouleversements de notre environnement stratégique n’incitent pas à renoncer à la dissuasion nucléaire. En effet, un désarmement nucléaire des puissances européennes ne peut pas s’inscrire en contrepoint de la politique de non-prolifération. Une telle initiative priverait la France et ses alliés d’un atout majeur, vital, qui est aussi un des garants de la stabilité internationale.
La dissuasion nucléaire reste d'actualité !
Un article paru dans le numéro de juillet de Défense nationale et sécurité collective (1) défendait une thèse audacieuse, qui prônait « le renoncement complet à la dissuasion nucléaire » par la France comme dynamique initiatrice d’un processus de désarmement général, créant « les conditions d’une avancée très significative dans la lutte contre la prolifération » nucléaire. Si le capitaine de corvette Luc Savoyant, auteur de cette proposition, prend bien soin dès l’introduction de se démarquer d’un certain angélisme, il faut pourtant bien conclure à la lecture de cet article que la thèse proposée montre autant de vrai talent que de fausse naïveté.
Pour faire simple, la France et peut-être la Grande-Bretagne renonceraient à la dissuasion nucléaire, dans le cadre d’un processus négocié avec l’Iran et l’État hébreu (dont on ne voit pas trop en quoi la fin de la dissuasion française pourrait les amener à désarmer), processus qui aboutirait à un remodelage du Conseil de sécurité des Nations unies en passant par le désarmement nucléaire de l’Inde et du Pakistan. L’auteur ne manque pas, tout de même, de songer à la Chine, à la Russie et aux États-Unis, pour conclure que leur désarmement « échapperait au périmètre de cette initiative ». Nous voilà rassurés. Il nous resterait alors à faire entrer dans la voie d’un chemin vertueux d’autres nations (« les pays du seuil »), tentées par l’aventure du nucléaire militaire, en leur faisant comprendre qu’un tel armement est dépassé dans la panoplie des grandes puissances et que la paix du monde doit se fonder sur un bannissement complet des armes nucléaires.
Au-delà du scénario que l’article développe, audacieux et relativement précis, la thèse se fonde avant tout sur une conviction profonde : celle qu’un système de sécurité collective, muni de ses traités et des organismes de contrôle, voire de coercition, adéquats, peut garantir la sécurité de nos intérêts vitaux.
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