Alors que le rôle du soft power est incontestable, sa définition exacte peut être sujette à débat. La place qu’il tient dans les relations entre l’Union européenne et la Russie n’y fait pas exception. Face à une Russie en profonde mutation depuis l’éclatement de l’URSS et l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine, la France et l’Europe peuvent, grâce à une politique étrangère plus lisible et un renforcement des coopérations, développer une approche originale du soft power.
Le soft power dans les relations avec la Russie
Savoir modeler l’esprit du général adverse (1). De Sun Tzu à Machiavel, de Louis XIV à Bismarck, l’utilisation de stratagèmes visant à influencer ou à séduire autrui pour l’amener à se plier à notre volonté et à nos attentes est, depuis toujours, une composante essentielle de la stratégie.
En 1990, après quatre décennies d’affrontement entre les États-Unis, leurs alliés européens et l’URSS, Joseph Nye tentait de donner une définition complète de la puissance comme « la capacité à altérer le comportement des autres pour obtenir ce que l’on veut » (2) et expliquait qu’elle pouvait prendre trois formes : la coercition, « le bâton » ou « hard power », mais aussi la récompense, « la carotte », et enfin l’attraction, le « soft power ».
Bien que sa définition fasse débat, le soft power peut être envisagé comme la capacité à « faire adhérer autrui à ses propres intérêts ou valeurs ». Sa mise en œuvre concrète par des États se révèle délicate, dans la mesure où ceux-ci ont rarement toutes les clefs en main pour déployer un soft power plus difficilement palpable qu’un hard power en général mieux maîtrisé. Son existence n’est pas pour autant remise en cause : le pouvoir d’attraction reste présent et parfois décisif dans toutes les relations internationales. L’élection de Barack Obama (3) et la façon dont elle a remodelé les politiques étrangères à l’échelle mondiale en ont fait, encore récemment, une éclatante démonstration.
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