Pages d'histoire - Le Connétable de Bourbon, traître ou rebelle ?
Nous avons récemment appris qu’en un délai fort bref le même individu pouvait être hissé sur le pavois, puis traîné aux gémonies et réciproquement. Il n’y a pas bien loin, disaient les anciens, du Capitole à la roche Tarpéienne. L’ignominie voisine avec la gloire et, de cette troublante alternative, le cours des événements auxquels nous avons assisté en précise les justifications ; mais il fait également sentir combien fragiles peuvent être les jugements humains. C’est pourquoi, à la lumière d’un passé encore proche, bien des verdicts prononcés par le tribunal de l’histoire ne seraient-ils point sujets à révision ? Tout au moins, ne souffriraient-ils pas, dans leur traditionnelle, rigueur, quelque atténuation ?
Certes, il ne s’agit point ici, en ce qui concerne le connétable Charles de Bourbon, de procéder à l’une de ces réhabilitations spectaculaires tant à la mode aujourd’hui. Le mot de Bayard mourant colle à sa mémoire à la façon d’une tunique de Nessus dont rien, semble-t-il, ne saurait le débarrasser. Il pactisa avec l’étranger ; à la tête d’une armée ennemie, il foula le sol de la France ; il provoqua l’une des plus redoutables crises par lesquelles ait passé l’ancienne monarchie. Exclu de la patrie par la réprobation unanime de ses concitoyens, une expédition sacrilège contre Rome lui fit encourir la malédiction des fidèles, le fit descendre au rang des Barbares les plus honnis. Dans les pages qui suivent, on tâchera de recréer l’atmosphère du moment dans lequel Charles de Bourbon se situe ; avec l’impartialité due au recul du temps, on examinera les motifs de son attitude, les prétextes qui le poussèrent à se rebeller, les fautes commises à son égard par l’autorité souveraine ; on procédera à un partage équitable des responsabilités ; en un mot, on s’efforcera de comprendre. Chercher à comprendre, c’est se rapprocher le plus possible de la vérité…
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