Pour répondre aux enjeux de la politique des ressources humaines d'une armée professionnalisée, le ministère de la Défense a transposé aux militaires des mesures initialement prévues pour la société civile. Il convient de se demander si certaines de ces mesures ne sont pas, en raison de leur nature intrinsèque, à même de porter atteinte aux principes structurants de l'identité militaire, et si tel est le cas, d'envisager les voies possibles de réversibilité.
L'identité militaire à l'épreuve d'une armée professionnelle
Professional armed forces and the question of the military identity
In order to meet the challenges raised by a human resources policy for the professionalized armed forces, the Ministry of Defence has transposed into the military field measures originally designed for civil society. It has to be asked whether some of these measures, given their specific nature, will not have an adverse effect on the structural principles governing the military identity; and if so, what ways might be found of reversing them.
La professionnalisation des armées, décidée en février 1996 par le président de la République et la suspension du service national qui en a découlé ont provoqué des changements profonds dans la structure du corps social militaire. L’accentuation du processus de féminisation et de « civilianisation » ainsi que le recours massif à une population contractuelle avec un profil de carrière court, en sont les caractéristiques les plus notables.
Consubstantiellement à ces changements, les attentes et les motivations du personnel composant les armées ont évolué. L’affirmation d’un désir diffus de bénéficier de conditions de traitement ou de travail identiques, et cela quel que soit le statut, fonctionnaire ou militaire, ainsi que le souhait de ne pas être écarté des évolutions sociétales méritent ainsi d’être relevés.
C’est dans ce contexte que les armées ont dû faire face, à partir de 1997, à un des enjeux majeurs de la professionnalisation : atteindre le format d’armées prévu par la loi de programmation militaire et le stabiliser à compter de 2002. Depuis cette date, celles-ci doivent engager chaque année environ 30 000 personnes, ce qui fait d’elles le premier recruteur de France. Ces objectifs ont nécessité le lancement de politiques destinées à favoriser non seulement l’attractivité de la condition militaire mais également la fidélisation de certaines catégories de population. Pour ce faire, le secrétariat général pour l’administration et les directions de personnel militaire ont agi sur différents leviers.
Il reste 90 % de l'article à lire
Plan de l'article