Engagé sur plusieurs fronts contre l’insécurité endémique d’un environnement régional fragile, le Pakistan est souvent perçu comme un acteur ambigu. L’auteur détaille les facteurs qui régissent la posture antiterroriste du pays. (NB : Cet article a déjà été publié en mai 2010 dans le n° 59 de DSI)
Le Pakistan contre le terrorisme : perceptions et réalités
Pakistan against terrorism: perceptions and realities
Pakistan is engaged on several fronts in the fight against the endemic insecurity resulting from a fragile regional environment and is often viewed as an ambiguous player. The author describes in detail the factors governing Pakistan’s anti-terrorist posture.
Depuis le 11 septembre 2001, la lutte contre le terrorisme en général et la guerre en Afghanistan en particulier sont au centre de l’actualité. Gravement affecté par ce fléau qui menace sa stabilité, le Pakistan est un acteur majeur dans ce combat. Celui-ci s’inscrit dans un environnement complexe, influencé par quelques grands événements récents qui ont façonné la géographie politique de la zone, telle que nous la connaissons aujourd’hui, et marqué par le jeu de divers acteurs ethniques, religieux, étatiques et non-étatiques répartis sur l’ensemble du théâtre. C’est dans ce contexte qu’évolue le Pakistan, exposé à l’incompréhension fréquente de l’Occident et confronté à l’absence de moyens qui pourraient renforcer son efficacité.
Quelques événements qui ont façonné la géographie politique de la zone
• En août 1947, l’Empire britannique des Indes se scinde en deux États indépendants : la République indienne et la République islamique du Pakistan. Cette scission va entraîner l’apparition d’une tension permanente et de plusieurs conflits ouverts entre les deux nouveaux pays pour deux raisons principales : la question non résolue de la province du Cachemire ; le refus de certains d’accepter l’existence même du Pakistan, né du « dépeçage » de l’Inde. Cette tension entre les deux États continue à influencer toute évolution de la situation dans la région.
• En décembre 1979, alors que la guerre froide oppose le monde occidental au monde communiste, les Soviétiques envahissent l’Afghanistan qu’ils vont occuper durant dix années, jusqu’en 1989. Évincés d’Iran par la révolution islamique de l’ayatollah Khomeiny, les États-Unis décident alors d’aider massivement la résistance afghane, par le biais du seul pays qui leur reste ouvert dans la zone, le Pakistan. Ils coopèrent alors activement avec l’armée et les services de renseignement pakistanais (Inter Services Intelligence, ISI) qui jouent un rôle essentiel dans la lutte contre l’occupation soviétique. Pour lutter contre celle-ci, Washington n’hésitera pas à encourager l’arrivée au Pakistan de nombreux combattants issus de pays musulmans. C’est à cette époque qu’Oussama Ben Laden, futur fondateur d’Al-Qaïda, « fait ses premières armes », avec le soutien des États-Unis et des monarchies pétrolières de la péninsule arabique. Le Pakistan était alors la première ligne de défense de l’Occident en lutte contre l’invasion soviétique.
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