Force combinée mobile dans la stratégie européenne et française
Une fois de plus, le problème capital de la stratégie française est la défense des frontières de l’Est. Une fois de plus, le rôle principal échoit à l’Armée de Terre. C’est une tâche écrasante qu’elle ne peut assurer toute seule. Si elle a besoin de l’aide européenne et alliée, à plus forte raison doit-elle compter sur l’aide des deux autres Armées. Celles-ci doivent par conséquent lutter contre la dispersion de leurs efforts et chercher dans la répartition de leurs missions, l’emploi de leurs forces et le choix de leurs armes, à donner à l’Armée de Terre l’aide la plus efficace. Cette étude se place donc sur le terrain de la collaboration interarmées, à ce carrefour où suivant de vieilles préventions, chaque Armée ne s’aventure qu’avec la crainte de se faire dépouiller, et la conviction qu’elle n’a rien à gagner.
Pour une fois le proverbe mentira. Chaque Armée trouvera, au contraire, dans ce projet, une occasion d’accroître ses moyens et d’étendre son champ d’action. Et la défense nationale en bénéficiera d’autant. L’expérience du dernier conflit montre en effet que les nations qui ont su associer étroitement leurs trois Armées dans la stratégie et la conduite des opérations ont rencontré le succès. Ainsi des nations alliées. Au contraire, lorsque le rôle d’une des trois Armées a été négligé, comme dans les états-majors de l’Axe, des erreurs très graves ont été commises. Et les défaites qui en ont résulté : batailles de l’Atlantique, de Leyte ou de Libye, ont pesé lourdement sur l’issue du conflit.
Lord Tedder, commandant des Forces aériennes anglaises, écrivait à la fin de la dernière guerre : « la guerre est un problème unique dans lequel la stratégie, la technique et la tactique des opérations aériennes, terrestres et maritimes sont inévitablement enchevêtrées de façon étroite ». Malgré leur expérience incomplète du dernier conflit, il est permis d’espérer que les Forces Armées Françaises sont aujourd’hui conscientes que la défense nationale ne peut plus être dissociée, et, renonçant à toute querelle d’intérêts particuliers devant le péril mortel qui menace l’Europe, s’efforcent de trouver en commun, aux graves problèmes qui se posent, les solutions les plus efficaces. Cette étude est une contribution à cette recherche. Elle se propose d’appliquer à la défense de l’Europe les tactiques amphibies nées de la dernière guerre, dont les événements de Corée confirment — en ce moment même — la valeur et l’actualité.
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