Cet article présente deux concepts clés d’intégration et d’interaction pour la Serbie. Il dresse le rôle de ce pays, pivot géostratégique majeur pour l’Europe du Sud-Est, et facteur de rééquilibrage des rapports d’acteurs internationaux, notamment par la voie économique.
Serbie : entre intégration et interaction
Serbia: between integration and interaction
The main theme of the article arises from an analysis of the two key concepts of integration and interaction for Serbia. This thought process presents the role of this country as a major geostrategic pivot for South-East Europe, while in parallel representing a factor for synergy and readjustment of the balance between international players.
La diplomatie internationale dans les Balkans occidentaux, à l’œuvre depuis les bombardements de l’Otan en 1999, semble avoir provoqué sur place le repliement des communautés sur leurs intérêts nationaux étroits. Elle a fait glisser les populations serbe et kosovare dans une paralysie juridique, avec des revendications nationales qui pourraient mener à l’impasse. Raymond Aron soulignait que « la diplomatie glisse trop souvent au fanatisme. Elle divise les États en bons et mauvais, en pacifiques et belliqueux, elle imagine une paix définitive par la punition des premiers et le triomphe des seconds… le devoir premier – politique mais aussi moral – est de voir la politique entre les nations telle qu’elle est, afin que chaque État légitimement préoccupé de ses intérêts ne soit pas entièrement aveugle de l’intérêt de l’autre ». À cet égard, l’idée directrice de la communauté internationale, avant la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo, le 17 février 2008, consistait à proposer une pacification autour d’un consensus et s’attachait prioritairement à maintenir une stabilité dans la région, tout en cherchant à définir une posture géopolitique globale face au regroupement des minorités. Or, le fondement de ce consensus recherché par les acteurs internationaux n’intègre pas de référence spécifique aux droits historiques et culturels des peuples concernés, et le poids de l’histoire partagée aurait tendance à accroître les ressentiments nationaux des deux communautés. Ainsi, dans les Balkans occidentaux, les conflits ne manquent pas d’exacerber les points les plus sensibles des peuples et de toucher leurs émotions politiques et identitaires les plus fortes. Cela étant, le consensus recherché doit résulter de l’unanimité des acteurs occidentaux sur la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo tout en satisfaisant à l’équité des principes universels du droit international, exigée particulièrement pas les Russes et les Serbes eux-mêmes.
Le fil conducteur de l’analyse qui suit rejoint une conviction communément admise par la communauté internationale : le rapprochement et l’intégration de la Serbie, comme des Balkans Occidentaux, au sein de l’Union européenne préserverait les identités nationales, culturelles et économiques de tous les acteurs. L’avenir se situe donc dans la déclinaison des deux concepts clé d’intégration et d’interaction. Le premier pourrait promouvoir, dans un premier temps, une dynamique régionale de la Serbie dans les Balkans occidentaux et favoriser par la suite son rapprochement avec l’Union européenne. À travers le concept de l’interaction serait défini le rôle que la Serbie peut jouer dans les rapports internationaux, mais également au sein de la région après la fragmentation de l’ex-Yougoslavie en petits États.
La Serbie : un pivot géostratégique majeur pour l’Europe du Sud-Est
Les changements démocratiques intervenus à la fin de l’année 2000 ont défini une nouvelle donne géopolitique et géostratégique pour la Serbie. La Serbie, frontalière de la Bosnie-Herzégovine, de la Hongrie, de la Roumanie, de la Bulgarie, de l’ancienne République yougoslave de la Macédoine (l’Arym), de l’Albanie, du Monténégro et dernièrement du Kosovo, constitue un pivot stratégique de l’Europe du Sud-Est et une plaque tournante conséquente, via la voie maritime du Monténégro, pour l’Europe.
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