L’Union africaine s’est dotée d’une architecture de paix et de sécurité encore artisanale qui a développé progressivement instruments et procédés que nous présente l’auteur. Celui-ci pointe les défauts d’une dynamique qui hésite entre assistance extérieure et construction indigène.
Architecture africaine de paix et de sécurité
African peace and security architecture
The African Union created for itself a fairly basic peace and security architecture that has progressively developed the instruments and procedures that the author describes here. The defects of a process that hesitates between external assistance and indigenous development are identified.
Lors de sa 13e session ordinaire tenue à Syrte (Libye), du 1er au 3 juillet 2009, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) (1) déclarait que « depuis l’entrée en vigueur du Protocole [du Conseil de paix et de sécurité] (2), des progrès significatifs ont été accomplis dans la mise en place de l’architecture continentale de paix et de sécurité ». Conformément au principe de règlement pacifique des conflits entre ses États-membres, l’UA se donne pour ambition de renouveler et consolider le dispositif de prévention et de règlement des conflits, hérité de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) (3). Cette première organisation continentale qui a pourtant eu le mérite d’ériger au rang de principe l’intangibilité territoriale, n’a pas vraiment fait ses preuves en matière de gestion des conflits (4). La création de l’UA marque donc à la fois une avancée et un regain d’intérêt de la part des chefs d’État africains pour les mécanismes de sécurité collective.
Au cours de sa première décennie d’existence, l’UA a proposé la création d’une architecture continentale de paix, de sécurité et de stabilité (AAPS). Cet édifice institutionnel suppose tout d’abord que le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA assume la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité en Afrique. Les Communautés économiques régionales (CER), déjà reconnues comme des piliers de l’intégration régionale africaine, sont partie intégrante de ce cadre d’action. En outre, toute opération de maintien de la paix en Afrique est légitimée par référence au chapitre VIII de la Charte des Nations unies. Cette architecture, qui s’inspire des modèles onusien et européen, repose enfin sur un partenariat privilégié avec la communauté internationale. Ainsi, les interventions de l’UA, notamment au Soudan ou en Somalie, n’auraient-elles pas été possibles sans la mise à disposition de moyens financiers et logistiques importants en provenance de pays partenaires.
À ce jour, malgré sa volonté de s’investir dans le domaine de la paix, l’UA reste une organisation jeune, aux contours encore indéfinis et souffrant d’un manque de capacités. Alors même qu’elle revendique son ambition de tourner la page de l’OUA, l’Union africaine reste confrontée à de nombreuses difficultés, dues notamment aux souverainetés nationales exacerbées et à un défaut de capacités logistiques et financières de ses membres. À défaut d’opérationnalisation, les discours ont finalement longtemps prévalu sur les actions. À l’évidence, l’avenir de l’UA dépendra en grande partie de sa manière de rénover le dispositif normatif adopté par l’OUA et de redonner du sens à un discours politique inspiré du panafricanisme.
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