La bataille dans les grandes villes
Le combat dans les villes a été toujours regardé comme difficile. Notre histoire militaire évoque à ce sujet deux souvenirs émouvants, Sarragosse et Puebla. Les progrès de l’artillerie et des engins modernes n’y ont rien changé. Les localités ont continué à être utilisées comme point d’appui sur les champs de bataille, et le front de Russie vient d’offrir des exemples de batailles livrées dans de grandes villes. Odessa, Sébastopol, Stalingrad ont été défendues par les soviétiques avec acharnement et plus tard ils ont conquis de haute lutte Buda-Pesth, Breslau, Kœnigsberg, Berlin. Encerclées et dépassées, les grandes villes gênent les communications et retiennent autour d’elles des effectifs importants.
La bataille dans les villes est longue. Il est impossible à l’artillerie et à l’aviation d’en préparer complètement l’attaque. Le manque de vues d’ensemble, les rues étroites y décomposent la lutte en multiples combats locaux offrant une infinie variété de cas et exigeant toute une série de préparations de détail, très meurtriers parce qu’on s’y bat souvent corps à corps. Dans les maisons la lutte exige à la fois audace et sang-froid, rapidité de décision : meurs ou tue. Presque toujours un réseau souterrain développé fournit des abris, des postes de commandement, des cheminements abrités et des possibilités de manœuvre. À Odessa, des partisans, grâce à des carrières souterraines, ont continué une résistance qui n’a pris fin qu’après que toutes les issues eurent été bouchées.
Dans cette lutte, le commandement et les états-majors exercent une action d’ensemble mais le résultat ne peut être atteint, que par une compétence des chefs des plus petits grades et une initiative raisonnée de tous les combattants. L’infanterie joue un rôle capital mais elle a besoin à tous moments d’un appui local et précis de toutes les autres armes qui exige une coordination parfaite des efforts de tous. Il ne faut laisser à l’adversaire aucun répit qui lui permette de se rétablir. La fatigue physique et nerveuse étant considérable, il faut donc effectuer des relèves, délicates au contact immédiat, surtout la nuit.
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