Introduction
Je ne suis ici que parce que je suis président du Haut comité pour la protection civile et je vous dirai tout de suite que je ne suis pas un président impartial. Je tâcherai d’être impartial dans la manière de conduire les débats mais je ne suis pas impartial quant au fond, je ne suis pas ici pour me faire une opinion mais pour la garder, ou, sait-on jamais, pour la changer.
Pourquoi ai-je accepté la présidence du Haut comité ? Pour une raison extrêmement simple : mon ami, ancien chef de la 2e division blindée que j’avais l’honneur de servir avec le général de Boissieu, le général Billotte m’a demandé de prendre cette présidence car notre souci commun était de combattre ce qu’il est convenu d’appeler le neutralisme.
Je suis le premier à être convaincu que ce n’est pas principalement par la construction d’abris antinucléaires que nous combattrons le neutralisme. Il est évident que le problème allemand, par exemple, a une tout autre dimension. Je suis néanmoins convaincu, et cela, c’est l’expérience d’un élu qui est quotidiennement en contact avec la population, que la protection civile était un des éléments de la crédibilité et par conséquent un des éléments essentiels de la dissuasion. Je crois que c’est plus vrai encore en France car c’est le pays où le neutralisme a jusqu’à présent exercé le moins de ravages parce que grâce au général de Gaulle la France a pris conscience du fait qu’elle était, non certes la seule responsable de sa sécurité mais le premier responsable de sa défense. Dès lors elle est aussi le premier responsable de sa défense civile et les choses forment un tout.
J’ajouterai, mais là ma compétence est très faible, que suivant de très près la progression des armes atomiques, j’ai le sentiment que leur caractéristique essentielle c’est la croissance constante de leur précision or plus elles sont précises, plus la probabilité de la guerre atomique recule et plus par conséquent le concept de dissuasion est lourd de signification et d’espérance. Voilà la raison pour laquelle je suis ici. J’ai dit ce que je pensais personnellement ; sait-on jamais, peut-être qu’en conclusion je dirai : je vois, je crois, je sais, je suis désabusé et j’aurai changé d’avis. En toute franchise, cela m’étonnerait énormément. ♦