Pages d'histoire - Turgot, Necker, Calonne et la guerre
Quiconque a eu l’ambition de passer, au moins, son bachot s’est trouvé dans l’obligation d’apprendre, dans les manuels agréés, ce qu’il est prudent de savoir au sujet des trois ministres des Finances les plus marquants, en bien ou en mal, de l’infortuné Louis XVI.
Turgot, économiste aux vues hardies, a succombé victime des cabales fomentées par la Cour et tous ceux dont il avait, par ses réformes, méconnu, heurté ou lésé les intérêts. Necker, autre grand ministre et, de surcroît, éminent financier, aurait pu greffer sur les institutions françaises la sève généreuse du « génie » dont ce « citoyen de Genève » qui n’était pas la modestie personnifiée avait fait « don à la France » si la Cour — toujours elle ! — et, peut-être, aussi, les événements lui en avaient laissé le temps. Quant à Calonne qui n’était ni honnête ni grand, il a, par son impéritie et ses déprédations, « précipité le tronc dans l’abîme » et, quand à la veille de la Révolution, Necker fut de nouveau appelé aux Finances : il était trop tard ! Ainsi, dans ce triptyque, la vertu et le talent encadrent-ils quasiment le vice et sûrement l’incompétence.
En fait, pour parler comme les astrologues, c’est la guerre qui a dominé le ciel de chacun de ces trois ministres. Parce qu’il y était hostile, Turgot fut congédié. Parce qu’il n’a su financer que par l’emprunt une guerre sur laquelle il portait également un jugement sévère, Necker a laissé à Calonne une succession d’une terrible lourdeur qui, conjuguée avec l’aggravation de la conjoncture économique, a souligné — et de quelle manière ! — l’impératif des finances publiques de la fin du XVIIIe siècle.
Il reste 91 % de l'article à lire