Le Pacte Atlantique et son potentiel militaire (II) L’organisation
Le Commandant Suprême en Europe étant désigné, il importait : de lui donner un organe de travail propre : son état-major ; de désigner les commandants en chef subordonnés qui devaient se substituer aux groupes régionaux européens ; de mettre à sa disposition les forces des trois armées lui permettant de remplir sa mission ; de doter ces forces d’un équipement moderne autant que possible standardisé ; de déterminer et de construire l’infrastructure sans laquelle aucune guerre n’a désormais de chances de succès ; enfin, de régler tous les problèmes financiers, c’est-à-dire touchant la répartition entre les pays N. A. T. O. : des frais d’équipement des forces, de fonctionnement des états-majors et organismes internationaux, du financement des budgets d’infrastructure.
L’organe de travail du général Eisenhower est l’État-major de S. H. A. P. E. qui, créé à l’Astoria au début de 1951, est maintenant définitivement installé à Rocquencourt. Reportons-nous au tableau n° 3 (voir pages 144 et 145) précisant sa structure et indiquant la répartition des postes. C’est un état-major combiné qui comprend des officiers de dix pays. Seuls le Portugal et l’Islande n’ont pas de représentants. Sans doute peut-on avoir l’impression que cet état-major est à prédominance anglo-saxonne et plus particulièrement US. C’est exact si on se réfère seulement à la nationalité de la majorité des officiers. Il est d’ailleurs logique qu’il en soit ainsi, le général Eisenhower Commandant Suprême, et le général Gruenther chef d’État-major étant américains.
Il serait d’autre part anormal que la présence auprès du général Eisenhower d’un chef du prestige du Field Marshall Montgomery ne confère pas aux Britanniques une situation de choix. Il est enfin exact que l’État-major de S. H. A. P. E. est un état-major de langue anglaise. Cependant, et je tiens à le dire avec force, cet état-major est vraiment un état-major intégré. Tous les officiers tirent à plein collier dans le même sens, entraînés par l’exemple de ce chef d’état-major exceptionnel qu’est le général Gruenther. On ne peut qu’être frappé de la discipline intellectuelle qui y règne et de la qualité des travaux qui y voient le jour.
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