Février 1952 - n° 089

Si le Commandement, à l’échelon national ou interallié, est sans aucun doute responsable de la satisfaction des besoins logistiques des troupes, il n’en agit pas moins dans un milieu, placé lui-même dans un cadre géographique donné. Lorsque ce milieu possède des moyens considérables, il est normal de les utiliser au profit des armées. Tout emploi d’unités militaires à des tâches qui pourraient être accomplies par des organisations civiles est un gaspillage, et correspond à une diminution du nombre des unités combattantes de l’avant, qui ne seront pourtant jamais assez nombreuses. Simple conséquence du principe d’économie des forces, cette idée prend une valeur particulière en matière de transports, tout au moins dans nos régions d’Europe Occidentale. Lire les premières lignes

  p. 123-126

La première manifestation humaine de l’activité guerrière fut certainement le combat singulier. Mus par la haine, la colère, le désir de s’approprier le même objet, deux hommes se jettent l’un sur l’autre ; le plus faible est toujours vaincu. Peu à peu, une idée se fait jour dans son cerveau encore fruste. Peut-être pourra-t-il vaincre en attendant l’ennemi, en l’attaquant par-derrière, pendant son sommeil, en cherchant un point vulnérable, les yeux, le cœur ? Ce jour-là, la tactique était née (1)Lire les premières lignes

  p. 127-136

Le Commandant Suprême en Europe étant désigné, il importait : de lui donner un organe de travail propre : son état-major ; de désigner les commandants en chef subordonnés qui devaient se substituer aux groupes régionaux européens ; de mettre à sa disposition les forces des trois armées lui permettant de remplir sa mission ; de doter ces forces d’un équipement moderne autant que possible standardisé ; de déterminer et de construire l’infrastructure sans laquelle aucune guerre n’a désormais de chances de succès ; enfin, de régler tous les problèmes financiers, c’est-à-dire touchant la répartition entre les pays N. A. T. O. : des frais d’équipement des forces, de fonctionnement des états-majors et organismes internationaux, du financement des budgets d’infrastructure. Lire les premières lignes

  p. 137-154

Les victoires remportées sur les armées allemandes par l’U. R. S. S. ne peuvent s’expliquer, malgré la supériorité numérique du côté soviétique et l’aide matérielle apportée par les Anglo-Américains, que par la valeur du commandement et des cadres dont celui-ci disposait. Il est donc intéressant de voir comment ces cadres ont été formés pendant la période qui a séparé les deux guerres mondiales, et ce qu’ils sont devenus depuis. Lire les premières lignes

  p. 155-164
  p. 165-174

On pourrait prendre Rabelais pour le type même de l’homme d’étude qui vit claquemuré dans sa bibliothèque et reste foncièrement étranger aux questions militaires. Il n’en est rien, et, s’il vivait de nos jours, Rabelais serait au premier rang de ceux que les problèmes de la défense nationale ne laissent pas indifférents. Lire les premières lignes

  p. 175-183
  p. 184-188

Cinq ans à peine se sont écoulés depuis la Libération et déjà on nous demande à nouveau de faire face à un péril venant de l’Est. Au moment où l’on réorganise l’Armée et où l’on cherche des crédits pour la réarmer, certains se demandent si l’on ne pourrait tirer parti dans nos plans de défense des restes de la ligne Maginot, dont l’édification nous a coûté tant de sacrifices. Lire la suite

  p. 189-194

Le maréchal de Lattre de Tassigny a succombé le 11 janvier 1952, à 18 heures, après une brève et cruelle maladie qui avait donné lieu à deux importantes interventions chirurgicales. Il est mort en prononçant une dernière fois, à 17h53, le nom de son fils unique, Bernard, tombé au champ d’honneur devant Minh-Binh. Lire la suite

  p. 195-197

Chroniques

  p. 198-203
  p. 203-209
  p. 209-214
  p. 214-218
  p. 219-223
  p. 223-226
  p. 226-230

Bibliographie

Jürgen Thorwald : Es begann an der Weichsel. Flucht und Vertreibung der Deutschen aus dem Osten  ; Steingrüben Verlag, 1951 ; 318 pages - Edmond Delage

Ce livre retrace l’histoire dramatique de l’écroulement du front allemand au début de 1945 sous les attaques gigantesques des armées soviétiques. L’auteur a puisé sa documentation à des sources nombreuses et irréfutables. Il ne s’abandonne point à la passion ni à la haine, mais il ressort de ce récit une impression de désarroi total en ce qui concerne la conduite des opérations allemandes sur le front Est, dans les derniers mois de la guerre. Du point de vue purement militaire, les descriptions des tentatives de percée par les forces allemandes, encerclées, dans la direction de l’Ouest, constituent des épisodes particulièrement intéressants, notamment celles de la 4e Armée Reinardt et du corps d’armée Hosbach qui essayèrent de se frayer un chemin en partant de Prusse orientale dans la direction de la Vistule. L’ouvrage mériterait d’être traduit et, en ce qui concerne l’histoire du front allemand oriental, complète admirablement l’ouvrage de Heusinger : Befehl im Widerstreit. ♦

  p. 231-231

Robert Barroux : Paris, des origines à nos jours et son rôle dans l’histoire de la civilisation  ; Éditions Payot, 1951 ; 250 pages - G. G.

L’année du bimillénaire de Paris a, sans doute, vu éclore plus d’une histoire de Paris qui n’est qu’une compilation hâtive. L’ouvrage de M. Barroux n’appartient pas à ce genre de productions. C’est l’œuvre d’un historien authentique qui joint à l’érudition le sens et le goût des vues synthétiques. Il n’a pas voulu seulement retracer l’évolution de Paris en tant que « ville », comme bien d’autres l’avaient fait avant lui, mais aussi en tant que « capitale ». Il ne croit pas qu’une prédestination géographique, trop souvent affirmée à la légère, l’imposât de toute éternité comme capitale de la France. Ce titre de capitale, Paris ne l’a acquis qu’au prix d’une lente évolution qui commence avec Clovis pour s’achever sous la monarchie capétienne. Louis XIV en transférant le siège de la monarchie à Versailles et en éloignant le gouvernement de Paris, commet un acte qui sera gros de conséquences au siècle suivant. Lire la suite

  p. 231-232

Élisabeth Cerruti : Je les ai bien connus (Souvenirs d’ambassades)  ; Librairie Hachette, 1950 ; 314 pages - Edmond Delage

Le livre de Mme Cerruti apporte, avec un talent bien féminin, et sans prétention à la grande diplomatie, une contribution intéressante à l’histoire politique de la dernière guerre. L’auteur, fille du directeur du Théâtre National de Budapest, avait commencé une brillante carrière d’actrice quand elle fut chassée de Hongrie par la révolution bolchevique et dut s’enfuir en Autriche où elle rencontra un diplomate italien qui devint son mari. C’est à la carrière qu’elle doit un périple passionnant qui la mena successivement à Pékin, à Moscou, à Rio de Janeiro, à Berlin et à Paris. Elle tomba bien, si l’on peut dire, dans ces différents postes et notamment à Moscou et à Berlin. Elle put voir de près la plupart des acteurs de la tragédie si proche et, comme elle est douée de qualités d’observation très fines et spirituelles, c’est un régal que de les rencontrer sous sa plume, qu’ils s’appellent Hitler, Gœring, Ciano, Édouard Herriot ou François-Poncet. ♦

  p. 232-232

Maurice Guierre : Les ondes et les hommes  ; Éditions Julliard, 1951 ; 278 pages - Edmond Delage

Le mérite de l’auteur, connu dans la Marine nationale pour avoir, en 1919, dirigé autour du monde la mission hertzienne de l’Aldébaran, et dans la littérature pour ses romans maritimes, tels que Seul Maître à bord, que couronna, en 1939, le jury de la « Renaissance » – ce mérite est grand d’avoir tenté en 300 pages une aussi vaste synthèse : en fait, il eût fallu au moins deux tomes. Il n’en faudrait pas moins, sans doute, pour les discussions qu’il va sans doute susciter. Car, non seulement tous problèmes y sont traités, et fort clairement, mais tous les grands organismes de la Nation y sont mis en cause, la Défense Nationale, entre autres. C’est que, si cette simple question : « Branly fut-il l’inventeur de la TSF ? » a été de nature à susciter polémiques, et même procès, quelle portée toute autre a celle-ci : « Notre Défense Nationale a-t-elle tout mis en œuvre pour que la France bénéficiât de cette invention d’origine française : le radar ? » Lire la suite

  p. 232-233

Jean Chardonnet : L’économie mondiale au milieu du XXesiècle  ; Librairie Hachette, 1952 ; 406 pages - Edmond Delage

Notre collaborateur Jean Chardonnet, professeur à la Faculté des Lettres de Dijon, a, depuis la Libération, orienté ses études et recherches sur les questions économiques contemporaines. Son livre, publié, il y a quatre ans, sur les Conséquences économiques de la guerre, fit sensation. Épuisé, il exigeait une refonte complète, L’auteur tire ici parti des dernières statistiques et données bibliographiques. Il contient, outre de nombreux graphiques, des chapitres entièrement nouveaux sur la Chine et le Japon, notamment. Mais l’ouvrage est centré sur la question, essentielle pour l’avenir, de l’Europe et du Monde, du développement parallèle des deux grandes puissances antagonistes : États-Unis et URSS. On lira avec un particulier intérêt les chapitres consacrés, en toute objectivité, à l’expansion soviétique. Et on souscrira aux vœux d’unification économique formulés dans sa conclusion par l’auteur pour ce qui reste d’Europe : n’est-elle pas la condition indispensable de sa survie ? ♦

  p. 233-233

Norman J.G. Pounds : Géographie historique de l’Europe de l’Antiquité à nos jours  ; Librairie Payot, 1950 ; 480 pages - Edmond Delage

C’est une entreprise qui pouvait paraître paradoxale que de condenser en un seul volume, de 480 pages il est vrai, tout ce qui concerne la géographie historique de l’Europe, de l’Antiquité à nos jours. L’auteur, qui est un des professeurs les plus réputés de l’Université de Cambridge, y est parvenu. Lire la suite

  p. 233-234

Jean Martin : Atlas Rex  ; Librairie Hachette, 1951 ; 215 pages - Edmond Delage

Nous avions déjà reçu un atlas gigantesque publié par les soins de la Librairie Larousse qui a, paraît-il, remporté le plus vif succès. Voici que la Librairie Hachette nous soumet un atlas d’un maniement infiniment plus pratique, sous la forme d’un guide Michelin, qui contient, non seulement, 100 pages de cartes, mais un index alphabétique de 20 000 noms et une partie documentaire sous forme de dessins, graphiques et tableaux. Tous les pays du monde, à commencer par les territoires de l’Union française, y sont représentés par ensembles régionaux. On trouvera, indiquée avec une ingéniosité et une précision qui font le plus grand honneur à M. Jean Martin, professeur agrégé à l’École nationale des Sciences géographiques, l’indication des gisements minéraux, des centrales électriques, des aérodromes, des grandes voies de communication terrestres, maritimes et aériennes, le tracé des pipelines et, aussi, des renseignements statistiques donnant la mesure des principales fonctions économiques. Malheureusement, comme chez son grand émule, la partie statistique risquera de se démoder assez vite. Il n’en subsistera pas moins une œuvre précieuse pour les spécialistes, militaires et civils, et pour le grand public. ♦

  p. 234-234

Marcel Jouanique et Lucien Morice : La navigation intérieure en France  ; Puf, 1951 ; 128 pages - Edmond Delage

Ce petit livre offre sur un des modes de transport dont l’importance et l’originalité demeurent trop peu connues du public cultivé, une documentation dont il sera difficile de se passer. L’ouvrage présente le réseau, les matériels, les entreprises et le personnel ; il analyse les contrats et les prix, les modalités de l’affrètement et les rapports entre la profession et l’État ; il étudie, enfin, le trafic et les conditions de la concurrence et de la coordination. Lire la suite

  p. 234-235

Winston S. Churchill : Marlborough, sa vie et son temps  ; Éditions Robert Laffont, 1950 ; 506 pages - Edmond Delage

C’est une œuvre considérable que celle consacrée, à partir de 1933, par Winston S. Churchill à l’histoire de son ancêtre Marlborough et de son époque. Les quatre premiers tomes, qui viennent d’être publiés en traduction française sous la direction d’Armand Pierhal, laissent l’impression que leur auteur n’est pas seulement un homme d’action, un politique et un chef de guerre, mais aussi un historien de grande classe. Lire la suite

  p. 235-235

Michel Bourdet-Pléville : Surcouf  ; Éditions Géographiques et Coloniales, 1951 ; 233 pages - Edmond Delage

La puissante et pittoresque figure de Surcouf avait déjà été dépeinte par nombre d’excellents auteurs, tels que R. Cunat, E. Herpin, J. de La Varende. Michel Bourdet, qui est passé avec succès du Théâtre Français à la littérature historique et maritime et a, comme son frère Édouard, le don d’exposition dramatique, a, semble-t-il, mis le point final à l’histoire du célèbre corsaire malouin. Fondé sur une documentation extrêmement sérieuse, notamment celles des Archives nationales et du Service historique de la marine, le récit reste d’une vivacité étonnante. Nous voyons comment, en quarante-quatre mois de navigation (septembre à mars 1796, sur l’Émilie ; juillet 1798 à avril 1801, sur la Clarisse et la Confiance ; mars 1807 à février 1809, sur le Revenant et le Charles), Surcouf put non seulement amasser une véritable fortune, mais infliger aux croisières anglaises des pertes cruelles. Il avait les dons du corsaire idéal : de l’audace, de bons navires – et de la chance. ♦

  p. 235-235

Michael A. Musmanno : Dix jours pour mourir  ; Éditions Payot, 1951 ; 288 pages - R.

Le commandant Michael Musmanno, juge et enquêteur aux procès de Nuremberg, consacre près de 300 pages aux dix derniers jours de Hitler et de son entourage dans l’abri de la chancellerie du Reich à Berlin. Nul autre que lui n’a disposé, pour décrire un des drames les plus sensationnels de l’histoire, d’une aussi grande abondance de témoignages et de sources. Les accusés de Nuremberg, comme les fidèles encore vivants de Hitler, interrogés séparément, ont fourni à l’auteur la matière de son récit. Lire la suite

  p. 235-236

Georges Blond : Le débarquement, 6 juin 1944  ; Éditions Arthème Fayard, 1951 ; 372 pages - R. J.

M. Georges Blond, à qui nous devons déjà Le Survivant du Pacifique et Convois vers l’URSS tente, dans ce nouvel ouvrage, de faire la synthèse des nombreux livres et mémoires déjà publiés sur le débarquement de Normandie. Il y réussit dans une très large mesure, étant donné l’ampleur du sujet. Les lecteurs y trouveront un tableau clair de l’histoire de ce grand événement, de sa préparation principalement, ainsi qu’une énumération forcément succincte, des immenses moyens matériels qu’il nécessita, depuis le LST qui fut pour ainsi dire la cheville ouvrière, jusqu’aux Mulberries, les ports artificiels, sans lesquels il eût été impossible. Lire la suite

  p. 236-237

Edward L. Munson : Le maniement des hommes  ; Éditions Flammarion, 1950 ; 307 pages - A. J.

Le colonel Munson s’est consacré depuis 1918 à l’étude des problèmes psychologiques dans l’armée. Il y a disposé d’un « laboratoire psychologique » d’une étendue inconnue jusqu’alors : la section d’action morale de l’armée américaine. Il a pu s’y livrer à de nombreuses expériences et y élaborer une méthode. « L’objet de cet ouvrage, dit-il, est de démontrer que l’art de manier les hommes ne peut s’exercer avec efficacité que s’il s’appuie sur une application rationnelle des lois psychologiques qui gouvernent notre moral et notre conduite. » Il présente donc une analyse détaillée du problème. Il étudie d’abord le but recherché et les méthodes générales : rôle du moral dans l’éducation de l’armée, la psychologie au service du commandement, comment on façonne l’âme individuelle et l’âme collective. Il traite ensuite de l’objet : la conduite humaine expliquée par les instincts fondamentaux et les éléments de l’âme humaine. Lire la suite

  p. 237-237

Pierre Dubard et Luc-Marie Bayle : Le « Charcot » et la Terre-Adélie  ; Éditions France-Empire, 1951 ; 300 pages - Edmond Delage

C’est un livre pittoresque, instructif et bien réconfortant que celui qui vient d’être consacré par deux de leurs participants aux trois navigations du Charcot vers la Terre-Adélie. La première, l’exploration, fut par moments périlleuse, tant furent sauvages les tempêtes australes, et redoutables les difficultés opposées par le pack – la banquise brisée – à l’accès jusqu’au continent antarctique. Lire la suite

  p. 238-238

Colonel Alfred Léderrey : La défaite allemande à l’Est  ; Éditions Charles-Lavauzelle, 1951 ; 270 pages - R.

La gigantesque lutte qui s’est déroulée pendant quatre ans sur le front allemand de l’Est ne pouvait manquer, par le rôle décisif qu’elle a joué dans l’issue de la guerre, de retenir l’attention passionnée du monde contemporain. Après maints auteurs tels que, chez nous, Raymond Cartier, le général Guillaume et le colonel de Cossé-Brissac, le colonel Léderrey, de l’armée suisse, en fait, à son tour, un tableau saisissant, sous une forme didactique, ramassée et claire. Partant des désaccords fondamentaux et des calculs sournois qui préludaient à un inévitable conflit entre les deux plus puissants groupements humains d’Europe, il confronte tout d’abord les forces : celle du Reich de juin 1941 est à son apogée, colle des Russes en retard mais en énorme devenir, étagée dans le temps et sur une profondeur géographique sans limite, l’« immensité russe » s’ouvre pour un duel obscur et sans merci. Lire la suite

  p. 238-239

Revue Défense Nationale - Février 1952 - n° 089

Revue Défense Nationale - Février 1952 - n° 089

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Février 1952 - n° 089

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

Aucune contribution n'a encore été apportée.