Politique et diplomatie - Le mystère économico-monétaire international
En 1944, pour les États-Unis et leurs alliés occidentaux, l’une des clés de la paix future réside dans la création d’un ordre économique mondial, liant croissance, liberté des échanges et discipline monétaire. La tragédie des années 30 a résulté en particulier de l’absence de normes, de règles communes. Les monnaies, au lieu de photographier et de sanctionner équilibres ou déséquilibres entre les économies nationales, étaient devenues de simples instruments au service des États, manipulés en fonction des intérêts ou des opérations.
En 1944, les accords de Bretton Woods représentent au fond l’une des plus remarquables novations de l’histoire des hommes. Non seulement un ordre, fondé sur des parités fixes entre les monnaies, est mis en place, mais encore s’ébauchent une solidarité collective, une autorité commune, qu’incarne le Fonds monétaire international.
Alors d’où vient le vice caché, et sans doute inévitable, du système ? Tout simplement ce dernier n’est pas, et ne peut pas être, supranational, c’est-à-dire se placer au-dessus des États, exercer un pouvoir dissocié d’eux (ainsi que le préconisait le représentant britannique à Bretton Woods, Keynes). Le système repose sur le dollar — considéré en fait comme équivalant à l’or — et les États-Unis. Comme la Grande-Bretagne entre 1815 et 1914, ceux-ci doivent donc gérer leur monnaie en fonction des besoins de la Communauté internationale (benign neglect ou indifférence bienveillante). Dans la pratique, le système entre en fonctionnement à la fin des années 50 et s’installe dans une crise permanente dès la fin des années 60.
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